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Le plaisir de la course?

Le plaisir de la course – j’ai donné ce titre à cet article il y a quelques jours et voilà que je tombe sur un post du magazine « Running Heroes » intitulé « le plaisir de la course ». C’est toujours amusant le hasard. Cet article de « Running Heroes » mentionne 3 raisons principales de courir : pour la performance, pour l’hygiène de vie et pour le simple plaisir, raison que je trouve personnellement la plus louable.

Le plaisir de la course : c’est donc exactement ce que j’aurais pu chercher et atteindre après plus de 3 ans de course à pied régulière, une dizaine de courses régionales et un marathon. Courir pour se sentir bien, jusqu’à en ressentir le besoin. Et pourtant je suis très loin d’avoir atteint cette plénitude, cette sorte d’osmose avec mon corps en action lors de mes sorties pédestres. OK je suis toujours plutôt satisfait après une sortie, je suis content d’avoir plein de maillots de course différents dans ma garde-robe (autant de souvenirs et de satisfactions personnelles) mais jamais mes jambes, mon corps, ma tête n’émettent un signal fort me suppliant de sortir courir. Seul mon ventre, chaque année un peu plus gros et mou, m’envoie un petit signal qu’il serait de bon ton d’aller courir un peu mais c’est bien maigre par rapport à l’appel de, dans le désordre : la couette, la flemme, la nourriture, le travail… Non, définitivement non, je n’ai pas basculé du côté des « runner addicts » et pourtant je cours quand même, inlassablement (quoique).

La raison de ce plaisir tout relatif est évidente et à déjà été évoquée sur ce blog : le challenge (plus que la performance). L’objectif sous-tend tout le reste : la motivation, l’entraînement, le sens de l’effort et du dépassement. Le dernier objectif en date est le marathon de Paris, par deux fois reporté, et qui doit maintenant avoir lieu dans deux mois, le 17 octobre prochain. Et donc, tant bien que mal, j’essaie de m’astreindre à mes 20 / 30 / 40kms hebdomadaires.

Sauf que cette année, c’est beaucoup plus dur que pour mon premier marathon il y a deux ans. Les raisons sont sans aucun doute multiples mais je vais me contenter d’en lister trois :

Le travail : pour mon premier marathon, j’avais le luxe ultime de ne pas travailler et donc de pouvoir faire 3 à 4 sorties par semaine sans aucune contrainte particulière. Les sorties devenaient même un objectif majeur de la journée et je pouvais organiser mon emploi du temps en fonction. Pour ce deuxième marathon, fini la dolce vita, je dois m’entraîner et travailler en même temps. Rien de bien exceptionnel car c’est le cas de 95% des coureurs mais j’avais été mal habitué. Comme je l’exposerai dans un autre article, j’essaie bien d’allier l’utile à l’utile et donc de courir lors de mes déplacements professionnels mais ce n’est pas suffisant.

La charge mentale : non, ce concept n’est pas uniquement féminin même si, je dois l’admettre, cette charge mentale n’est que peu liée à la gestion du quotidien de la vie familiale. Mais ce terme de charge mentale illustre parfaitement mon propos. Pour préparer un marathon, il est préférable de pouvoir dédier son temps et son esprit à la course. Comme on l’a vu sur le point 1, j’ai plus de mal à libérer du temps. Mais j’ai aussi plus de mal à libérer mon esprit pour me consacrer à cet objectif. La cause : non pas mon travail, prenant sans être prise de tête, mais nos travaux tentaculaires dans la maison, amenant plein de choses à gérer (rangement, transfert, déménagement, nouveaux lieux d’habitation temporaires), son lot de désagrément (deux inondations) et qui, au final, nous prennent la tête au sens propre. Certes je suis ravi de ce beau projet mais là encore il n’aide pas ma préparation.

Un vrai coureur ferait fi de ces deux premières raisons qui ralentissent / ramollissent fortement ma préparation. Mais je ne sais pas ce qu’il penserait de mon troisième blocage : mes problèmes de montre connectée. C’est totalement pathétique et insupportable de se rendre dépendant de la technologie. Et pourtant je vais passer un peu de temps sur ce point car ce point touche presque à une notion philosophique. J’ai repris la course en avril après de longs mois d’hibernation. J’avais six mois pour me préparer et donc j’avais prévu de redémarrer en douceur. Sauf que, coup d’arrêt, je perds ma montre connectée en déplacement, après une belle sortie de course à pied à Albi. J’ai alors décidé de m’affranchir de cet objet de malheur, source de toutes les dépendances et donc de retrouver l’essence même de la course en courant sans montre : un coup sans rien, un autre avec le téléphone dans la poche (mais c’est ch… quand même). Mais finalement cela a surtout ralenti ma préparation, jusqu’à ce que j’arrête de courir. Parce que, à côté de ça, il y avait les points 1 et 2, le travail et les travaux. Et plus de datas pour suivre ma performance. Le simple plaisir de la course n’avait aucun poids face à ces freins majeurs.

Donc j’ai finalement décidé, après quelques semaines, de me racheter une montre connectée. J’ai repris la même marque, parce que j’étais habitué et pour éviter de me galérer avec les éléments connexes comme le chargeur ou l’appli (point important pour la suite de l’histoire). La redécouverte des charmes de la montre connectée a coïncidé avec le démarrage d’un nouveau plan d’entraînement, avec comme objectif (trop) ambitieux de 4h au marathon. Mais, voilà qu’après 5 semaines de préparation (pas très assidue), je perds mon chargeur (quelque part dans nos multiples déménagements). J’en avais deux de ma montre précédente mais, à l’instar des Iphone première génération, les chargeurs ont changé et donc ils sont très spécifiques (ça aussi ça pourrait valoir un article complet, tellement ça me prend la tête). Comme cette perte correspondait à notre déménagement, j’ai interrompu ma préparation une semaine. Pas de souci, j’avais un peu de rab avec une préparation calée sur 10 semaines (j’en avais 15). J’ai repris l’entraînement début août sérieusement car le frein 1 avait disparu : j’étais en vacances. Et le frein 2 aussi en partie : j’étais loin de ma maison. Donc 4 sorties en une semaine et 48 kms de course (à peu près). Bien !

Sauf que courir sans montre quand on s’entraîne sur un objectif donné, c’est juste l’enfer. Je devais faire des fractionnés, des sorties à allure marathon ou encore une sortie longue de 2 heures. Mais, dans ma quête de me délester de tout poids, de (re)trouver ce plaisir innocent de la course à pied, je m’étais décidé de courir sans téléphone. Donc retour aux méthodes ancestrales : je pars, je regarde l’heure sur l’horloge (je n’ai pas montre), je reviens, je regarde l’heure à l’arrivée et j’essaie d’estimer le trajet. Pratique quand on court le long du canal de Bourgogne, il suffit de suivre les kilomètres sur les écluses (de 18,4 à 22,8km de Dijon par exemple). Mais les écluses sont moins fiables que les montres connectées : quand, après une heure vingt de course où je me suis arraché, je calcule grâce aux écluses que j’ai couru 10kms, je suis un peu déprimé. Qu’à cela ne tienne, j’emprunte le lendemain le bracelet de ma femme, qu’elle utilise régulièrement pour compter ses pas journaliers. Je pars une heure, le contraste est mal réglé et donc je ne vois rien sur l’écran de toute ma course. Mais au moins je me dis qu’à la fin je vais pouvoir étudier ma performance. Je n’ai pas été déçu : une heure de course et 7,8km au compteur. Donc pour conclure : les écluses, ça ne marche pas, le bracelet montre de ma femme non plus. Pour compléter ces méthodes de comptage peu fiables, j’en avais ajouté une autre : compter dans ma tête. Mais là aussi passer 400, je dois avouer en avoir eu un peu marre.

C’est donc dans cette situation compliquée que j’attaque mon voyage en Grèce. Il me reste 8 semaines avant le marathon donc j’ai encore le temps de dérouler ma préparation (j’en suis théoriquement à la semaine 4 bis selon mes enregistrements Strava, 4 bis parce que j’avais trop peu couru la semaine 4). Mais je n’ai pas retrouvé mon chargeur, je n’ai même pas une montre pour avoir à minima mon temps de course et j’envisage donc de plus en plus sérieusement à courir avec mon téléphone dans la poche en attendant de retrouver mon chargeur quelque part un jour (ou d’en racheter un, mais là ça me fait mal au …). Pas pratique du tout de courir avec le téléphone quand ça fait 2 ans que vous vous êtes équipé pour ne plus courir avec. Mais courir sans data, c’est trop galère. Et tant pis pour la dictature de la data. Au pays de la mythologie (j’écris cet article en Grèce), je m’en remets à mon Dieu Strava.


Alors courir pour se sentir connecté à son environnement oui (comme les amateurs d’escalade à mains nues ou les coureurs à pieds nus africains) mais surtout pour être connecté et avoir des datas, de la mesure, des objectifs… Je suis forcément un peu déçu de ne pas me satisfaire d’une simple course mais je me rends à l’évidence : je suis accroc à mes données de courses. J’ai répété à l’envi à nos utilisateurs du système CRM Salesforce dans mon entreprise précédente : « ce qui n’est pas dans Salesforce n’existe pas ». C’était un leitmotiv et le message majeur de notre migration vers ce système. Cela signifiait : si la donnée n’est pas enregistrée dans le logiciel, elle n’existe pas pour l’entreprise (et donc pour votre bonus de fin d’année !). Finalement je me rends compte que cette phrase, très mal vécue par les commerciaux, était extrêmement violente et que ce constat s’étend bien au-delà de Salesforce. Mais je n’arrive pas totalement à me résoudre à dire : ce qui n’est pas dans Strava n’existe pas, tout ce qui n’est pas mesuré n’est pas bénéfique. C’est parce que je n’accepte pas totalement ces adages, parce que la dictature de la donnée m’énerve, parce que j’aimerais juste courir pour courir et que les bienfaits soient juste induits sans être mesurés… pour toutes ces raisons je ne me résous pas à racheter un chargeur, à courir avec mon téléphone.

NB : n’ayant pas posté l’article avant mon départ en vacances en Grèce, je peux compléter l’histoire à mon retour de vacances avec 7 courses de 8 à 16km avec le téléphone dans la poche et, 5 fois sur 7, un problème de mesure de mon chrono, comme pour me faire regretter davantage la perte de mon chargeur de montre connecté (une fois plus de batterie, une fois mal rappuyé sur le bouton « reprendre » après une photo », 2 fois perte de signal GPS…). Mais au moins je me suis un peu rapproché du plaisir de la course en couplant chaque sortie avec une découverte d’une partie de l’île et un safari-photo.

Dugarry, pour l’amour du jeu

Cela fait maintenant 6 mois que je n’ai plus rien écrit sur ce site. Les raisons sont multiples et finalement assez simples : j’ai un boulot depuis 5 mois (et mine de rien, ça prend du temps), je continue de dédier beaucoup de temps à ma nouvelle passion : les jeux de société et enfin j’éprouve sans doute moins le besoin d’écrire après mes quelques 130 articles qui couvrent nombre de mes centres d’intérêt.

Pourtant, essentiellement quand je cours, moment propice à la réflexion et à l’introspection, je réfléchis à des idées d’articles… mais cela s’arrête là. Sur mon site j’ai même une vague liste d’articles potentiels, plus ou moins démarrés : films musicaux et musiques de films, BD et voyages, BD et gastronomie, sport, data et performance ou encore la bienveillance au travail. Rien qui ne pousse à sortir de ma torpeur d’écrivain.  Jusqu’à ce matin où j’ai lu un énième article du blog « Les pieds sur Terre » de nos amis en plein tour du monde, bloqués depuis 7 mois au Pérou et qui racontent leur épopée pour voir le Macchu Picchu en plein confinement. Un must read que je vais m’empresser d’intégrer sur mon site également. Cet article m’a donné envie de réécrire mais forcément avec le Macchu Picchu la barre est haute et donc j’ai décidé de me mettre au niveau avec un article sur… Christophe Dugarry. WTF ?

Ceux qui me connaissent le savent pourtant : Christophe Dugarry est un peu comme mon Dieu, mon gourou et ce n’est pas un hasard s’il aura fallu attendre aussi longtemps pour que je lui dédie un article. Parce que je l’ai imaginé x fois cet article et que je sais qu’il sera forcément décevant. Si j’ai en tête d’écrire sur Duga depuis le début, cette envie est devenue plus pressante cet été lorsque Duga a annoncé sa retraite médiatique. Alors j’entends bien ceux qui a) ne savent pas qui est Christophe Dugarry ; b) qu’il était dans les medias (et le haut du panier SVP, RMC !) ; c) ne comprennent pas comment on peut mettre dans la même phrase Dugarry et Dieu. Pour tous ceux-là (et les autres), je dédie cet article qui ne convaincra personne mais qui tentera, peut-être vainement, d’expliquer pourquoi ce footballeur atypique (à défaut d’écrire exceptionnel, je me serai fait lyncher) m’a tant inspiré.

Alors pourquoi j’ai toujours aimé Dugarry ? Comment ce lien a-t-il pu être aussi fort que mon enterrement de vie de garçon a eu comme thème « Duga Bauer » et qu’une des épreuves a consisté à voir une 40aine de buts de Duga et d’en deviner le contexte (ah ce but avec Birmingham… et ce passage extraordinaire aux Emirats !!) ? Comment une personne sensée peut-elle avoir une photo de Duga encadrée dans son appartement parisien à l’époque… à 25 ans ? Comment et surtout pourquoi ai-je défendu Duga contre vents et marées, quitte à souvent défendre l’indéfendable ?

Je ne suis pas un fan, je n’aime pas ce mot et tout ce qu’il implique : le manque de discernement et bien sûr son dangereux corollaire, le fanatisme. Je suis quelqu’un de passionné, de fidèle, d’entier et un esthète (rien que ça, c’est l’avantage d’écrire sur soi-même, on peut se faire des fleurs). Selon moi ces 4 mots expliquent et résument mon grand intérêt pour Duga. Et c’est sans doute là que cet article prend plus de profondeur : je n’aime pas simplement Duga le footballeur mais sans doute une sorte de tout, chose assez improbable quand on admire un joueur e foot. Je pourrai bien sûr ajouter d’autres raisons à mon intérêt : Bordeaux, ma ville de cœur ou encore le fait qu’il a écrit un dictionnaire amoureux du foot (tout comme j’ai pu écrire un dictionnaire passionné de Maisons-Laffitte). Il ne s’agit pas ici de simplement admirer un joueur et ses qualités techniques mais de se sentir proche d’une personnalité qui m’a semblé plus proche de moi année après année. Explications.

PASSIONNE

J’ai toujours été une personne passionnée, j’aime me donner dans des sujets et sans doute une de mes premières passions a-t-elle été : Les Girondins de Bordeaux. Je leur ai  ai dédié un petit article, pas à la hauteur de ma passion, comme la preuve qu’il est toujours très difficile d’écrire sur les choses qui nous touchent beaucoup. Cette passion des Girondins s’est développée dans les années 80, pendant l’âge d’or des Marines et Blancs. A cette époque, j’avais déjà un joueur fétiche : Alain Giresse, et Gigi aurait pu être mon Duga. Sauf que non : Alain Giresse ne me paraît pas spécialement intéressant et, en dehors de sa carrière de joueur, rien ne me lie à lui.

En 1991, quelques années après cet âge d’or bordelais, alors que j’ai 16 ans, les Girondins joue un match retour de coupe d’Europe contre l’AS Rome après avoir perdu à l’aller 5-0. Perdu pour perdu, Gérard Gili alors entraîneur de Bordelais, décide de faire jouer un petit jeunot sur l’aile gauche face au champion du monde allemand Andreas Brehme : Christophe Dugarry, alors âgé de 18 ans. Bordeaux perd 2-0 mais je découvre un joueur exceptionnel qui éblouit les commentateurs de l’époque. Mon idylle est née. C’est la passion, celle du foot, des Girondins depuis mes 10 ans, qui m’a donc amené à découvrir et aimer Christophe Dugarry.

Christophe Dugarry est aussi un passionné, il suffit de l’entendre parler de son sport pour ‘en convaincre. Si Duga devait avoir une passion, ce ne serait pas forcément celle du foot mais plus précisément celle du beau jeu. Mais j’y reviendrai quand j’évoquerai la notion d’esthète.

FIDELE

Je suis supporter de Bordeaux depuis mes 7 ans et la demi-finale de Coupe du Monde 1982 avec les Bordelais Tigana, Battiston et Giresse. Cet amour du club est toujours resté depuis, malgré des temps difficiles de plus en plus nombreux. Cette fidélité vaut tout autant pour Dugarry. Forcément pendant sa période bordelaise avec comme point d’orgue son doublé lors du quart de finale contre le Milan AC en 1996 (« dans la lucarne de Ielpo »), j’étais un fervent supporter de Dugarry, peut-être plus encore en Ligue 2 quand il est devenu un joueur plus important mais qu’il a aussi fait le choix de rester dans son club de cœur. Car Duga est un Bordelais pur, plus exactement originaire de Lormont dans la proche banlieue bordelaise.

Mais mon intérêt (terme un peu plat mais je préfère ne pas parler d’amour, ce serait exagéré) pour Dugarry est allé par la suite bien au-delà de Bordeaux. Au Milan AC où il sera de loin la meilleure recrue dans une année noire à oublier pour le club. A Barcelone ensuite où il se retrouve sous les ordres de l’austère Louis Van Gaal qui voudra le faire (peu) jouer au poste de milieu défensif. Puis, sacrilège absolu, à Marseille où il a trouvé le moyen de satisfaire tous mes désirs en 1999 : laisser le titre de champion de France à Bordeaux tout en étant un joueur majeur de l’OM. N’ai-je pas résumé mon amour du joueur alors à l’OM ainsi : « pour OM-Bordeaux, je suis pour une victoire de Bordeaux 4-3 avec un triplé de Duga » ? A Birmingham où il sera joueur du mois de septembre (si, si ça existe) avant de disparaître ou encore lorsqu’il s’est perdu (6 mois) dans les fins fonds du championnat des Emirats pour parfaire son swing de golf.

Dans ce tour du monde des clubs Dugarry est pourtant revenu jouer à Bordeaux, son club de cœur. Parce que Duga est aussi quelqu’un de fidèle, qui a Bordeaux, la ville et son club, accroché au cœur. Mëme en tant que journaliste, en étant dur et véhément devant la politique peu lisible et surtout peu ambitieuse du club. Il s’est souvent exprimé maladroitement, se faisant des ennemis parmi les supporters de Bordeaux alors que, lui plus que tout autre sans doute, ne souhaite que les meilleur pour les Girondins.

Duga est fidèle à Bordeaux. Mais il est aussi et surtout fidèle à ses convictions ce qui en fait quelqu’un d’entier.

ENTIER

Dire les choses comme elles sont, ne pas s’enfermer dans le politiquement correct, être maladroit tout en le reconnaissant. Voilà des aspects de la personnalité de Christophe Dugarry que j’ai découverts lors de son passage chez Canal Plus. « Dugarry, l’insoumis » est le titre de son livre-biographie écrit avec un co-auteur au début des années 2000. Ce titre sonne comme un besoin de liberté, qu’il semble chérir et poursuivre dans tous ses mouvements.

Christophe Dugarry avait une image assez calamiteuse, fruit d’une campagne pré-Coupe du Monde 1998 à charge, essentiellement contre Aimé Jacquet le sélectionneur et par ricochets contre Dugarry, surnommé alors « Dugachis ». Quelle surprise quelques années plus tard de découvrir que Christophe Dugarry, alors sur Canal Plus, est le consultant foot préféré des Français. Son côté entier, où il osait dire qu’un match était nul quand il l’était réellement, a plu. Sa connaissance du métier, son sens du spectacle (le fameux sens du beau jeu) et son humilité ont fait le reste. Car si Christophe Dugarry sait être entier, il a su prendre ce nouveau métier de consultant avec une grande humilité qui se ressentait à l’antenne. Le Duga grande gueule savait se faire plus petit quand il s’agissait de parler de ce nouveau métier. Il le disait d’ailleurs très bien en affirmant qu’un footeux, souvent à la scolarité réduite, avait peu de chances de gagner la bataille des mots avec des journalistes dont c’est le métier. Il sait que son éducation est limitée et aime répéter qu’on ne doit pas l’attendre sur ce terrain-là.

Il lui aura sans doute fallu ce passage à Canal Plus pour apprivoiser ce métier de consultant et voler de ses propres ailes dans « Team Duga », son émission quotidienne de 2 heures sur RMC, la radio des « Grandes gueules » dont il faisait désormais partie. Sur RMC, plus vraiment la place à l’humilité (même si elle savait ressortir à certains moments lors de ses échanges avec ses collègues journalistes) mais gros focus sur l’entièreté, version polémique. Alors forcément cela divise et ainsi Duga est passé de consultant préféré à journaliste parmi les plus détestés (après Pierre Ménès tout de même). Pourtant la ligne de conduite reste la même : la défense du beau jeu, ce qui lui vaudra un gros froid avec l’intouchable Didier Deschamps.

ESTHETE

C’est sans doute l’aspect qui me parle le plus chez Christophe Dugarry, ce sens de l’esthétisme qui se traduisait dans son jeu, tout en finesse et toucher et qui transparaît dans tous ses commentaires. Le football est un spectacle, le spectateur doit en avoir pour son argent et le résultat ne peut être le seul vecteur d’émotion. Comme il l’écrit dans son dictionnaire « Le foot vu par Dugarry » : « l’ambition doit forcément passer après l’amour du du jeu ».  Elle doit être accompagné par le panache, le beau jeu à la française. En cela, Christophe Dugarry est très français. Gagner ne suffit pas. Sauf qu’il va jusqu’à pousser cet amour du beau jeu à faire de la victoire un élément accessoire et non plus essentiel. Forcément discutable. Rien ne l’ennuie plus que le réalisme froid à l’allemande, la recherche du beau geste a souvent eu sa préférence à la simple efficacité. Ce regard d’esthète résume son opposition avec Didier Deschamps. Duga ne comprend pas comment prendre plaisir dans l’efficacité sans l’émotion du beau geste.

Cela a clairement nui à sa carrière (c’était, des dires de nombreux experts à ses débuts, le plus doué de sa génération, même avant Zidane, si, si) car, si le beau se suffit à soi-même pour un esthète, pour un footballeur profesionnel, il doit s’accompagner de rigueur, de professionnalisme et de travail, des valeurs moins fortes chez lui que chez d’autres. Comme chez son grand ami Zidane. En tant qu’amoureux du beau jeu, qu’esthète de la vie, j’aurai très bien pu tomber en admiration sur Zidane et non Dugarry. Néanmoins Zinedine n’a jamais surpassé Christophe à mes yeux. Pourtant Zidane est passé à Bordeaux, ils ont fait leurs débuts ensemble en équipe de France (ou presque) mais Zidane avait un truc en plus, qui aura fait la différence tout au long de sa carrière. Ainsi lors du premier match de Zizou en équipe de France, à Bordeaux contre la République Tchèque, il met 2 buts superbes quand Duga traverse le match sans relief. Zidane sera le plus gros joueur français de tous les temps et Duga finira 44e meilleur joueur français de l’histoire selon l’Equipe. Zidane, comme Giresse auparavant, n’avait pas pour moi ce petit truc en plus, ce panache si important à mes yeux. Zidane ne m’a ému que lors d’un match, où mon regard d’esthète a succombé à ses prouesses : son quart de finale 2006 contre le Brésil, son chef d’œuvre. D’une certaine manière, ma réaction est inverse au grand public : j’admire d’autant plus Zizou que c’est le pote de Duga. Là où d’autres voient ce titre de pote de Zizou comme un passe-droit. Mais au-delà je reste étonné de voir deux caractères aussi différents être aussi proches, marqués d’une très fidèle amitié.

Fidèle, entier, passionné et esthète : c’est aussi cela Dugarry, selon moi tout du moins. J’ai pris conscience de tout cela lorsqu’il est passé consultant, lorsque j’ai lu sa biographie et son dictionnaire et je l’ai encore plus touché du doigt au moment de son départ de RMC l’été dernier. J’ai compris que c’était avant tout un amoureux de la liberté qui part de son poste de RMC par pour autre chose mais simplement pour profiter et pour faire, pourquoi pas, un tour du monde. Tiens, tiens…

Pour toujours mieux comprendre pourquoi Duga me parle, il suffit de regarder les mots qu’il a choisis de développer dans son dictionnaire : ambition (mais pour la mettre en arrière-plan de l’amour du jeu, j’aime la beauté du geste), l’amour du jeu, le collectif (aussi illustré par le banc de touche) opposé à l’individualisme qui gangrène le foot nouvelle génération selon lui, ego et humilité (les 2 mots y sont présents et il parle d’un savant dosage entre les deux), liberté ou encore public. A travers ce dictionnaire, je trouve que Duga élève le propos et donne à sa lecture du football une dimension presque philosophique. Et j’aime me dire que j’avais perçu tout cela, du haut de mes 16 ans lorsque j’ai vu ce Bordeaux -AS Rome fondateur.

Pour pousser encore plus loin notre connexion métaphysique et tenter un parallèle professionnel hasardeux, j’oserais dire que je suis devenu consultant après avoir exercé mon métier de terrain comme il est devenu consultant après avoir foulé les terrains. Cette reconversion (un autre mot de son dictionnaire) doit se faire comme l’expression d’une nouvelle liberté. C’est comme ça que je l’ai réfléchi, choisi et c’est comme cela que je la vis. S’il estime avoir réussi sa reconversion, je démarre la mienne avec envie et humilité.

Merci Duga !!

La sortie longue : apprendre, toujours apprendre

Chaque course est un apprentissage. Alors quand on prépare un marathon et qu’on court 3 à 4 fois par semaine, cela fait beaucoup d’apprentissage. Encore plus lors de la fameuse « sortie longue ». Depuis le marathon de Venise, je me suis surpris à poster des articles sur mes courses d’entraînement qui sortaient de l’ordinaire (voir Histoire de chute(s) ou Le syndrome du 2ème jour) et aujourd’hui, plus la course avançait, plus je me suis dit que le petit commentaire sur Strava ne serait pas suffisant. Rien d’extraordinaire pourtant mais un vrai apprentissage, une grande leçon d’humilité qu’il me tarde de poser par écrit.

Pour démarrer, resituons le contexte de cette course. Je cours le marathon de Paris dans 2 mois et j’essaie, tant bien que mal, de m’entraîner. Je n’arrive pas à suivre mon plan d’entraînement fait de sorties longues, sorties courtes, fractionnés… mais au final je cours depuis début janvier environ 3 fois par semaine : 12 courses, 140 kms en janvier : pas trop mal pour cette période de froid, de pluie et de vent que je redoutais tant. Pour démarrer février, le programme est sympa mais pas propice à l’entraînement : festival du film de Gérardmer, 22 films en 4 jours, munster et raclette et la quasi-totalité du temps passé assis, dans les salles mais aussi dans la voiture avec 10 heures de route. Bref un vrai marathon mais qui ne fait pas beaucoup travailler les jambes (voir articles à venir sur ce fantastique festival). J’ai réussi à caser 2 tours de lacs (11kms) vendredi matin à la place d’une projection (un docu sur Alien qui ne m’attirait pas) mais j’étais en retard sur mon rythme de 3 sorties par semaine et surtout sur mes sorties longues (20kms et plus). Donc c’était décidé, ce lundi j’allais courir avec une sortie longue au programme. Récemment (voir article Histoire de chute(s)) j’ai tenté un nouveau circuit le long de la Seine et mon idée est d’allonger cette boucle de 17km en ne prenant pas le pont du Pecq mais le pont suivant, potentiellement le pont de Chatou. Sans doute pas loin de 25 / 30 kms au programme, je n’ai pas regardé, j’aviserai.

Vu comme ça, ça a l’air plutôt simple

Ce matin 8h30. La nuit a été courte (arrivée à 0h30 de Gérardmer) mais tout va bien. En emmenant les filles à l’école, j’ai pu valider un point critique dans le déroulement de ma journée : il fait doux, très doux et il ne pleut pas. Bon présage. Je prépare mes affaires et notamment mon camel bag que je compte essayer pour la première fois sur cette sortie longue. Je me prends la tête pour comprendre comment ça marche, j’ai paumé la notice et je m’énerve. Je mets de l’eau dans la poche, essaie de refermer, me fout de l’eau partout, ne comprend pas le système de fermeture, je m’énerve encore plus et donc… je demande de l’aide à ma femme. 2 minutes après, la question est réglée. A ma décharge, je venais d’avoir SFR pour le 25è en 2 mois pour toujours le même problème de télé et ils m’avaient bien chauffé (voir article Financiarisation de l’économie : c’est énorme, tout se recoupe!). Bref ça y est je suis paré, je sors et lance mon casque MP3. En guise de gros son dans mes oreilles résonne un atone « low battery ». Je tiens à signaler que j’avais pensé à le recharger à Gérardmer mais j’ai un vrai gros problème de charge avec ce truc. Et m… Je ne vais pas me taper 2h30 de course sans musique!! Donc changement de programme. Je rentre, j’essaie tant bien que mal de relancer la charge et y arrive après 30mn d’essais infructeux. Il est 10h10, il faut 1h30 pour recharger complètement le MP3. J’ai plein de choses à faire donc me voilà en tenue de sport en train de gérer mes affaires courantes. La tenue de sport qui mérite d’être mentionné car, pour la première fois depuis Venise fin octobre je vais courir en short et en manches courtes. C’est peu de choses mais pour moi ça veut dire beaucoup. Donc j’enchaîne mes emails en short / t-shirts jusque 11h30. Le MP3 est prêt, je peux y aller. Sauf que j’ai un rendez-vous téléphonique pro à 13h30 avec une personne que je ne connais pas. Trop juste pour une sortie longue alors j’envoie un petit message demandant de décaler de 30 mn : 14h, ça devrait être bon. J’ai confiance en ma vitesse ou plutôt dans ma faculté à expliquer mon retard. Allez cette fois c’est bon, c’est parti.

Chaque course est un apprentissage disais-je et je vais donc essayer d’illustrer mes nombreux apprentissages du jour.

1. Courir avec un camel bag : moins galère que prévu

Quand j’ai acheté ce truc, je n’étais pas bien convaincu. C’était avant tout une manière de me forcer à faire des sorties longues avec de l’eau sur moi car j’ai remarqué que c’est souvent à partir de 20km que je commence à avoir soif. Pour mes rares sorties de plus de 20 kms, j’étais obligé de faire une boucle qui passait par chez moi pour laisser une bouteille dans le jardin et m’y arrêter pour boire. Pas optimal. Alors tentative camel bag. La vue de ce tuyau pour boire brinquebalant devant moi me semble rédhibitoire mais finalement j’arrive à caler tout ça sans que cela ne me gêne. Pour le poids et la gêne du sac, là encore pas de souci : c’est super bien fait, ça colle au corps, ça ne bouge pas et le poids de l’eau est minime. Bref contre toute attente je valide le camel bag assez rapidement. Bon cela ne m’empêchera pas de me battre régulièrement avec ce foutu tuyau pour le caler mais c’est OK. Moi qui ne supporte pas d’avoir à porter quoi que ce soit en course pour être totalement libre de mes mouvements, moi qui suis allé jusqu’à acheté un casque avec disque dur intégré pour ne pas trimbaler mon smartphone sur le bras, me voiià harnaché comme jamais sans que cela ne me pose problème. Par contre l’intérêt d’un camel bag, c’est de boire pour se donner un coup de boost et éviter le coup de moins bien. Sur ce plan, ça a moyennement marché. Parce que, et c’est bien le 2ème enseignement de cette course…

2. Je suis hors de forme

Petit retour en arrière. Pour ma précédente préparation, j’ai couru tour à tour 20 / 24 / 26 et 28kms. Ces 2 dernières distances avaient été particulièrement dures mais je les avais faites en 5’30 environ au kilomètre. Pour vous donner une idée, j’ai couru ce jour environ 24km en 6’13 de moyenne. Bref, c’est pas la même salade du tout. L’objectif du jour n’était pas le temps mais ça pose forcément question. Pour référence je cours très rarement au-delà de 6mn au kilomètre, uniquement sur des sorties longues sur la fin ou vallonnées. Alors quand, dès le 6e km, je fais un km en 6mn, je me dis que cette sortie ne va pas rester dans les annales. Capacité de réaction : je me fixe un nouvelle objectif : rester sous les 6mn au kilomètre jusqu’au bout. Sauf que je ne sais pas combien de temps je vais courir vu que je ne sais pas quel pont je vais prendre. Quand, après le 11è kilomètre les 6mn sont de nouveau dépassées, je me dis que passer sous le 6mn sur un kilomètre à venir, ça sera déjà pas mal. Sauf que même ça je n’y arrive pas. J’arrive péniblement à 6’02 mais rien en dessous. A partir du 20è kilomètre, c’est encore pire : je passe les 7 mns au kilomètre et donc je me dis que ce serait bien de ne pas renouveler cette « performance »… ce que je ferai très difficilement les 2 kilomètres suivants en 6’55 et 6’59. Bref c’est super dur, les jambes sont super lourdes et je ne peux même pas blâmer l’absence d’eau (j’en ai) ou le poids de mon camel bag (il ne me gêne pas). Mes jambes pèsent une tonne, je ne peux pas accélérer et je me dis que finalement 4 heures pour le marathon c’est un p… d’objectif. Parce que c’est bien là l’apprentissage le plus fondamental de cette course :

3. Contente-toi de viser 4h, ne cherche pas à faire mieux

Depuis la préparation de mon premier marathon, mes temps sur 15 ou 20kms, mes entraînements longs… je me suis convaincu que 4 heures (5’41 au km) est non seulement atteignable mais surtout que, dans un bon jour, je peux aller chercher le 3h50 (5’30 au km). Mauvaise idée. Si je fais 4 heures, ce sera un authentique exploit parce que, vu ma course d’aujourd’hui, je ne sais même pas comment c’est possible. J’ai fait mon semi aujourd’hui en 2h07 ce qui me met sur les 4h15 de mon premier marathon. Sauf que j’avais plus un pet de jus. J’avais déjà vécu cela sur une sortie longue l’année dernière mais maintenant que je sais ce que c’est, je confirme : je pense avoir fini aujourd’hui à peu près à la vitesse de mes 3 derniers kilomètres à Venise. La course à pied apprend l’humilité, on ne cesse de le dire et on ne cesse d’être d’une totale arrogance quand il s’agit de s’y atteler. Tout le monde sait qu’il ne faut pas partir trop vite mais tout le monde part trop vite. Un ami m’a confié qu’il lui a fallu 10 marathons avant de vraiment tenir son rythme sur les premiers kilomètres et il se surprend encore (après 25) à partir trop vite. La course à pied c’est une école de l’humilité peuplée d’élèves d’une grande arrogance (parce que compétiteur je suppose). Et moi le premier. L’humilité est une valeur qui me parle énormément, j’aime me définir (sans humilité aucune) comme quelqu’un qui porte haut cette valeur et qui essaie de l’incarner. Sauf que j’ai fait mon premier semi du marathon de Venise en 1h53 pour un objectif de 4 heures : donc 7 minutes trop rapides. Résultat : j’ai explosé et fait mon 2ème semi en 2h25. Ecrire ces quelques lignes est forcément une catharsis et donc un moyen d’essayer de me rentrer ça dans le crâne. Ne pars pas vite et ne vise rien d’autre que 4h. Et ce sera déjà énorme de les tenir vu la course de ce jour.

4. La découverte c’est sympa mais rien ne vaut un bon parcours balisé

L’idée de faire une sortie longue sans en connaître la distance, ce n’était pas l’idée du siècle. C’est sypa de se balader et de découvrir mais il ne faut pas mélanger les objectifs. Les bords de Seine sont aménagés, il me suffirait de prendre mon vélo et de faire un petit repérage en amont. Mais non, comme je suis quelqu’un de très humble, sûr de ma force, je pars sans savoir le temps, la distance, le terrain. Mauvaise idée. Je connaissais le parcours jusqu’au pont du Pecq, très sympa au demeurant. J’ai continué le long de la Seine à Croissy et j’ai cherché de yeux un truc qui ressemble à un pont. A un moment j’ai cru voir un vague pont, j’ai suivi le sentier de l’écluse, ça sentait bon le shortcut. Sauf que j’avais pas prévu de faire un triathlon et donc non ce n’était pas un raccourci. J’ai donc continué encore en me demandant si je devais rebrousser chemin. Etant dans un état que je qualifierai de précaire, envisager 30 kms ne me semblaient pas une super idée… mais revenir en arrière non plus (j’ai un vrai problème avec le retour en arrière, voir Histoire de chute(s)). Puis finalement au loin un autre pont apparaît (pont de Chatou?). Ca fera un peu moins de 13kms, la distance est OK. Je traverse en essayant de voir si les quais sont aménagés. Parce que sinon c’est la N13, pas vraiment la sortie champêtre rêvée. Je vois des quais sympas, je descends… et je réalise que j’ai de l’eau des 2 côtés : je suis sur une ile donc je ne peux pas descendre là, vu l’absence de pont sur le retour. Je remonte donc (un peu de dénivelé, ça ne fait pas de mal, enfin si justement) et je rejoins… la N13. Pas glop… Je découvre alors qu’il y avait un pont entre l’île et la N13 et que j’aurais pu le prendre et donc nouvelle leçon : repère ton parcours p… C’est pas comme si je surfais sur le bitume et que je pouvais me permettre des allers et retours. L’humilité dans les entraînements, c’est être prévoyant, ne pas se lancer dans l’inconnu.

5. Au bout d’un an, on se lasse un peu de la playlist

Lors du festival de Gérardmer, il y avait toujours une ambiance musicale aux petits oignons avant les films, pour faire patienter. Armé de Shazam, j’ai donc fait la découverte de super morceaux qui ont mis un coup de vieux à ma playlist de courses très années 90. Alors attention, je ne renie pas cette liste qui est immortelle et que j’adore. Mais varier les plaisirs et me la ressortir pour le marathon par exemple, ça serait une bonne idée. Donc prochaine étape : me faire une playlist plus récente pour les 2 derniers mois d’entraînement.

5. Définitivement je ne courrai pas avec ces chaussures mon marathon

Il y a 3 semaines, je me suis acheté une nouvelle paire de chaussures de running, ma 3ème en 1 an et demi. Après des Adidas (très bien), des Brooks Ghost 11 (super), j’avais décidé de continuer ma découverte du monde de la chaussure de courses en écoutant mon vendeur et en prenant des Asics Nimbus 21. Tout un programme. Mes premières impressions étaient pourtant moyennes, impressions confirmées par ma sortie longue. J’ai eu mal à la voute plantaire comme jamais ce qui, associé à mes douleurs aux adducteurs et à la hanche, a fini de brosser la tableau apocalyptique cette course

6. On est toujours fier d’une sortie longue

Quel que soit la performance, faire une sortie de plus de 20kms reste un événement à ne pas minimiser… en tout cas pour moi. Ce genre de courses et d’expérience m’a manqué pour tenir la distance sur le marathon. Je sais qu’il faut que j’en fasse plus mais ce n’est que ma première au-delà de 20 sur cette préparation. C’est dans ce sens que j’ai acheté un camel bag. Mais il est vrai que ma course du jour ne m’invite pas à remettre ça tout de suite. Qu’à cela ne tienne, j’ai la satisfaction d’avoir couru 24km, j’ai un nouveau point de référence pour étalonner mes sorties longues futures et c’est très bien. Donc je suis hors de forme mais d’autant plus satisfait d’être allé au bout.

7. Ne jamais sous-estimer l’impact des sous-vêtements

C’est très connu, on peut le lire partout mais je n’avais jamais expérimenté : les coutures des caleçons / bowers / slips peuvent être mortels. Et ben ça y est, je peux aussi cocher cette case et je ferai donc bien attention au choix de mon slip pour mes sorties longues, contrairement à ce matin où j’ai sauté dans le premier venu. J’avais pourtant bien retenu une chose : bien choisir ses vêtements et ses sous-vêtements pour le marathon ce qui me vaut cette anecdote : j’ai couru mon premier marathon (et sans doute mon deuxième) avec mon slip e mariage, un superbe Cacharel acheté pour l’occasion…il y 15 ans et qui s’avère être juste parfait pour la couse.

Pour finir, cette sortie longue a été un vrai calvaire. A partir du 10è km, j’avais des flashs qui me venaient où je faisais du stop pour rentrer. Au 15è, j’a pensé marcher et rentrer à pied, notamment quand j’ai compris que je ne serai jamais à l’heure pour mon rendez-vous. Au 20è passer sous la barre des 7 minutes au kilomètre était un exploit. J’ai pensé m’arrêter au panneau Maisons-Laffitte, puis au pont au-dessus de la voie ferrée et enfin mon dévolu s’est fixé sur la grille du château : cela me semblait être le parfait écrin pour une arrivée au sommet… de la douleur. Ca écourtait mon calvaire de 300 mètres, c’était un peu mesquin mais je me suis convaincu en me disant que les derniers mètres en marchant me feraient du bien. Tu parles! Je pouvais plus marcher, j’avais mal partout. Heureusement demain je vois celle qui je l’espère sera ma sauveuse : mon ostéopathe que je n’ai pas revu depuis mi-octobre et qui aura comme lourde tâche de faire disparaître cette grosse douleur à la hanche qui me fait douter depuis quelques semaines et de me remettre d’aplomb après cette sortie longue.

Pour le détail de la course, voir ici : https://www.strava.com/activities/3068289393

Une sortie longue : des apprentissages, une leçon de vie. Voilà une semaine qui démarre bien!!!

NB : je suis arrivé à 14h20 à la maison. Il est 16h, l’article est fini. Je vais peut-être pouvoir aller me doucher!!!

Histoire de chute(s)

Lors du numéro 100, j’ai mentionné une petite liste (13) d’idées d’articles que j’ai notée dans un coin de WordPress, mon hébergeur d’idées. Sur cette liste, nulle trace d’un article qui parle de chute. Mais ça, c’était avant ce matin et ma sympathique sortie en footing. C’est toute la beauté de l’écriture, elle trouve sa sourcendans l’inspiration du moment et ce matin j’en ai eu de l’inspiration. Suite à un (petit) incident, dans ma tête a défilé un article complet parlant de sport, de développement personnel mais aussi de management. Autant dire que je ne me suis pas ennuyé ce matin en allant courir. Mais alors que s’est-il passé?

Dans mon objectif de préparer le marathon de Paris, j’avais donc prévu de faire une sortie longue aujourd’hui. Et, pour la première fois depuis 1 an et demi, j’avais décidé de varier les plaisirs et de m’écarter de mon habituelle boucle Maisons-Laffitte / Seine / forêt / étang du Corra. Cette fois je me lançais de l’autre côté, en terre « inconnue », direction le pont du Pecq en longeant la Seine par la digue de Sartrouville et Montesson. Puis traversée du pont pour revenir en sens inverse par Le Pecq et Le Mesnil-le-Roi le long de la Seine et enfin Maisons-Laffitte. Je n’avais aucune idée de la distance, sauf que c’était a priori un peu long. Je pars donc vers 9h ce matin, bien équipé : mes chaussures Brooks bleus, mon bas de survêtement noir, mes gants (malgré les 10 degrés) et mon T-shirt manches longues blanc. Ces détails auront leur importance par la suite. Je mets tout de même du temps à me lancer parce qu’il a beau faire doux, très doux, il y aussi beaucoup, beaucoup de vent et le ciel reste menaçant. Pas vraiment un temps à mettre un joggeur dehors. C’est bon, c’est parti. Les 10 premiers kilomètres se passent parfaitement. J’apprécie de longer la Seine, je remarque les beaux efforts d’aménagement de la ville de Sartrouville avec un passage nature « zéro phyto » et des installations sportives au bord de l’eau (rameur, balancelle…). iIl y a aussi un petit passage en forêt à Montesson et je rejoins finalement assez aisément le pont du Pecq. Je le traverse et tente de rester proche de la Seine sur le retour. Arrivée au Parc Corbière qui longe la Seine sur la commune du Pecq, je décide d’entrer dans le parc avec pour objectif de continuer de longer la Seine au maximum. Malheureusement le parc est fermé de l’autre côté et il est impossible de suivre le cours de l’eau. Je ressors donc et fait près de 2 kilomètres sur la route, la mort dans l’âme. Arrivé au Mesnil-le-Roi, je m’aventure sur une petite route qui longe un champ, lui-même en bord de Seine. Je n’abdique pas, je vais retrouver les bords de Seine. La petite route débouche sur l’arrière d’une zone commerçante (les Jardins du Mesnil pour les connaisseurs). Là, j’ai 3 choix : rejoindre la route principale, celle que nous prenons régulièrement pour rentrer chez nous, longer le champ sur un « sentier » essentiellement marqué par les traces d’un tracteur ou enfin couper à travers champ à nouveau sur les traces d’un tracteur pour rejoindre les bords de Seine. Bords de Seine qui, j’en suis sûr, sont également équipés d’un même sentier boueux mais accessible.

Mer premiers pas ne sont pas très rassurants : des flaques d’eau, de la boue, un peu d’herbe quand même mais au final ça passe… pendant 100 mètres. Puis, en courant, mon pied droit s’enfonce littéralement jusqu’à mon mollet. Pouahh, c’est immonde. Ma chaussure bleue n’est plus bleue mais d’un marron immaculé, mon pantalon est bicolore noir en haut, marron en bas. Il me reste 200 mètres pour rejoindre les bords de Seine alors je m’entête, cette fois en marchant. Mais ça glisse vraiment beaucoup et je tombe les fesses dans la boue et l’eau. Mes gants et ma montre sont remplis de boue, je ne vois plus trop les indications chronométriques de ma montre mais je dois avouer que ce n’est pas mon plus grand souci à me moment. Je pense avoir eu la présence d’esprit d’arrêter mon chrono quand même. En tout cas, c’est le moment où ma montre s’est mise à déconner (pour preuve mes temps un peu irréels sur Strava après déchargement). Il faut décider de la suite des événements. Il ne fait pas froid mais se retrouver dehors les fesses et les pieds trempés (les chaussures sont respirantes donc pas très imperméables!), plein de boue oblige à la réflexion rapide. Le choix est simple : soit je continue, soit je rebrousse chemin. Je l’ai expérimenté par le passé (j’y reviendrai par la suite), il n’est jamais très bon de s’entêter. Je suis déjà embourbé jusqu’aux chevilles, pas la peine de rajouter une couche de connerie. Je fais donc le choix raisonnable, le seul qui vaille : je rebrousse chemin. Etant dans un état qu’on qualifiera de lamentable, je ne crains plus la boue, l’eau, la saleté et donc je reprends mon footing. Arrivé à mon premier croisement, j’ai de nouveau 2 choix (j’ai validé que l’option 3 pour rejoindre les bords de Seine était une idée très moyenne) : donc c’est retour sur la route ou le chemin du tracteur boueux mais a priori pas trop mal. Et je choisis… le chemin du tracteur. Maintenant que j’en ai partout, ça peut difficilement être pire. Mes pensées vont alors vers une course dont on m’a parlé : la Spartan race qui consiste à courir dans la boue. Il y a aussi le Mud Day, bref ce que je suis en train de faire est très hype. Ne manque que la pluie. Mes pieds sont lourds à cause de la terre, ils sont trempés et pourtant bizarrement je me sens bien. J’affronte les flaques d’eau avec énergie et j’ai une autre pensée vers ces quelques marches que nous avons faites dans l’eau (la dernière dans la Sulphur Creek, dans le parc de Capitol Reef aux Etats-Unis cet été, voir l’article « Ouest américain : la claque »). Au debout on n’ose pas se mouiller, on veut se préserver ce qui est en fait assez con vu qu’au final on finira trempé après s’être 100% immergé dans l’eau, la gadoue et tout le reste. Bref j’en viens à me dire que la Spartan Race, ce n’est pas si débile que ça et j’arrive enfin au bout du champ. Un vague chemin rejoint la Seine, le club d’aviron et mes repères mansonniens (la coulée verte en bords de Seine, le camping, le parcours de santé). Je croise quelques marcheurs qui doivent bien se demander ce qui m’est arrivé mais je n’en ai cure : je trace ma route et je rentre après 17,5km donc les 5 derniers un peu épiques.

La Spartan Race, y’a que ça de vrai…

Le choix de la nature plutôt que la route, le choix du beau plutôt que le commun, le choix de l’adversité plutôt que la simplicité, le choix de continuer ou de rebrousser chemin, apprendre de ses erreurs ou continuer à être juste con : toutes ces questions me sont venues en tête lorsque je me suis retrouvé les mains dans la gadoue et les fesses dans l’eau. Ce moment que j’ai vécu seul avait un côté burlesque, une belle chute façon Laurel et Hardy ou Benny Hill. Pas de casse, pas de mal, juste la conséquence d’un choix malheureux. Cette chute burlesque m’a immédiatement rappelé 2 autres chutes : l’une burlesque également, l’autre qui aurait pu être dramatique. Deux chutes qui vont nous faire voyager un peu. Le burlesque nous amène du côté de la Grèce et d’Athènes où, il y a plus de 15 ans, nous entreprenons un footing avec des amis (déjà, on dirait que je cours tout le temps et pourtant non). Le parcours est le long d’une route, en bord de mer et nous courons sur le trottoir. Tout va bien jusqu’à… poum, je disparais. En fait j’ai mis le pied dans une bouche d’égout mal refermée et je me suis retrouvé en partie dans la bouche (je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu faire ça). Plus de peur que de mal, le footing a repris, tout comme mon footing a repris ce matin après ma chute. La deuxième histoire est moins amusante mais la fin reste heureuse puisque je suis là pour en parler aujourd’hui. Venant de laisser femme et enfants derrière moi, je décide de rejoindre seul une corniche sur une île paradisiaque malaisienne, Rawa. J’avance le long de la corniche, je surplombe la mer mais le chemin se fait de plus en plus étroit et compliqué à suivre. 2 choix comme souvent : je continue ou je rebrousse chemin. Mais revenir en arrière, c’est abandonner l’idée d’une boucle, d’une découverte, d’un petit plaisir supplémentaire. Donc je continue. C’est sûr, je dois pouvoir rejoindre ces personnes tout en bas sur la plage, le long des rochers. Mais je tombe une première fois, je me retrouve sur les fesses et je me dis que ça ressemble à une mauvaise idée. C’est le dernier souvenir que j’ai de cette journée et de cette balade. J’ai fait une chute de 5 / 6 mètres sur le sol et j’ai eu la chance de ne pas tomber sur un rocher. Résultat : juste un long trou noir (mais pas de perte de conscience) et une belle fracture du bassin. Je me suis réveillé dans un hôpital à Singapour 5 jours après ma chute. Blackout total, les souvenirs ne sont jamais revenus. J’ai donc pensé à ce moment quand je me suis retrouvé les 4 fers en l’air dans la boue. Les ressorts du choix initial étaient les mêmes : choisir le beau, la nature, la découverte (toute proportion gardée, les champs boueux du Mesnil-le-Roi ne font que vaguement pensé aux plages paradisiaques de Rawa). Sauf que là finalement j’ai rebroussé chemin, un peu tard mais je ne suis pas obstiné dans ma connerie.

C’est donc sur les 5 derniers kilomètres de mon footing du jour que j’ai eu l’idée de cet article. Mais je voulais le rattacher à une idée plus noble, plus profonde et plus en lien avec les sujets qui m’animent. J’ai alors pensé au choix de la marche arrière comme acte majeur de management. Je suis en effet convaincu qu’il est plus facile de s’obstiner, de continuer à croire dur comme fer qu’on va y arriver et donc de s’aveugler plutôt que de retrouver la lucidité et de se dire : on gagnera plus de temps à revenir en arrière qu’à continuer une route sinueuse et peu propice au succès. J’ai essayé d’imaginer des situations auxquelles j’avais pu faire face qui illustreraient cette pensée. Je suis certain qu’il y en a plein et je pourrais faire référence à mon récent article « Manager : avoir le choix… ou pas ». Parce que continuer, c’est se dire qu’on n’a pas le choix, qu’on n’a pas le droit d’échouer et de revenir en arrière. Sauf que revenir en arrière est un choix, est un droit et ne signifie pas abandonner son objectif. Ma course d’aujourd’hui m’a amené à faire plusieurs choix : courir ou pas, choisir le tracé habituel ou innover, choisir les bords de Seine ou la route, s’obstiner sur les bords de Seine ou revenir, choisir à nouveau les champs et sa boue ou la route. A chaque moment, j’ai choisi l’option qui me semble être la plus aventureuse, celle qui me motivait le plus. Sauf une fois où j’ai mis cette ambition de côté et ai fait le choix de la raison. Les enjeux étaient nuls et c’est justement ce qui m’amuse dans ces quelques lignes : montrer à quel point des instants anecdotiques de notre vie de tous les jours peuvent nous amener à des réflexions psychologiques profondes (ou pas).

Parmi les nombreuses références qui me sont venues à l’esprit lors de cette sortie, j’ai pensé à une citation entendue dans le superbe film Himalaya, l’enfance d’un chef. Un jour le héros dit à son fils spirituel : lorsque tu as plusieurs choix devant toi (…) et que tu n’arrives pas à te décider, prends toujours le chemin qui demande le plus d’audace. Alors il faut tempérer ce propos en sachant bien différencier l’audace et la connerie (cf. la corniche) mais j’adhère plutôt. Donc voilà c’était un mardi matin sur la Terre comme dirait Cabrel, un petit footing qui ne devait pas ressembler aux autres.

42 km 195

Cette distance vous dit sans doute quelque chose. Il s’agit de la distance exacte d’un marathon. Et il s’agit en l’occurrence ici du nom d’un livre qu’on m’a offert (à ma demande!!) à Noël et que j’ai trouvé absolument génial. Au point de vouloir lui dédier un article. J’avais noté la référence de ce livre lors d’une journée repérage cadeau livres à la FNAC des Ternes qui est sans doute doté du plus vaste rayon librairie de toutes les FNAC de France. Parmi les livres qui m’avaient fait de l’œil et que je m’étais notés comme idée de cadeau, il y avait des livres de voyages, des livres sur le cinéma ou quelques livres sur la course à pied : 2 romans intitulés 42,195km, un livre de tour du monde des marathons et quelques autres titres. En effet, quand on court un marathon, surtout quand c’est le premier, on a toujours envie de se sentir accompagné, de comprendre ce qui traverse l’esprit de nos compères de galère et d’avoir quelques éléments de référence. Ainsi l’année dernière, alors que je venais de me lancer le challenge du marathon de Venise, j’avais acheté un livre (peut-être le seul dans la librairie qui était à ma disposition à l’Aigle ce jour-là) : Je cours mon premier marathon, écrit par une blogueuse dont je n’avais jamais entendu parler. Mais le titre correspondait à mon défi du moment. Au final ce livre m’a accompagné toute l’année. Mais c’était plus un livre technique, sur le matériel, la nourriture et l’entraînement, plus pratique et moins philosophique que ce que je cherchais pour cette année. Donc finalement, face à ce vaste choix, j’ai surtout retenu ce livre de Bernard Thomasson : 42 km 195 car il raconte la couse du marathon de Paris km par km, le prochain marathon auquel je suis inscrit. Pas de plan d’entraînement mais un récit sous forme de roman.

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Donc le 25 décembre, le Père Noël m’a offert le livre de poche 42,195km et je l’a dévoré en quelques heures réparties sur 2 jours (à peu près le temps d’un marathon d’ailleurs, pauses et nuitées non comprises). Le livre s’est avéré au fil des pages beaucoup plus riche que prévu. Tour à tour récit initiatique d’un premier marathon, découverte du parcours du marathon de Paris, histoire d’un greffé du cœur qui se lance dans ce fabuleux défi, récit de l’importance des personnes qui l’accompagnent dans ce challenge, inventaire varié de nombreuses œuvres dédiés à cette distance reine, historique du marathon et enfin, last but not least, récit de 42 marathons aux 4 coins du monde. Tout cela pour mon plaisir. J’oserai même dire que ce livre a eu un effet euphorisant qui explique aussi en partie mon super chrono (46’24) au 10 kms de la corrida de Houilles. Alors laissez-moi vous expliquer plus en détail ce qui m’a plu dans ce livre peu connu, pas forcément très réputé, même dans le milieu des coureurs de marathon mais que j’ai simplement adoré.

Récit initiatique d’un premier marathon

Courir un marathon, a fortiori le premier, ça prend la tête dans tous les sens du terme. Le héros du roman ne fait exception à la règle et partage donc km après km la nature de ses pensées. J’ai notamment noté et apprécié ce passage que j’aurais aimé et pu écrire, en beaucoup moins bien, un passage qui énonce les raisons multiples qui peuvent pousser un simple bipède à se lancer dans l’aventure du marathon : « Dans la masse en mouvement autour de moi, chaque homme et chaque femme, quel que soit son âge ou sa condition, a sa très bonne raison pour s’aligner en haut d’une avenue qui annonce des moments difficiles« . Et, de façon bien plus précise encore, sous forme de liste à la Prévert pour répondre à la simple question Pourquoi courir? : « Pour maigrir, pour célébrer un événement, pour oublier un chagrin, pour partager un moment avec des amis, pour garder la forme, pour aller plus vite, pour s’occuper, pour évacuer le stress à l’heure du déjeuner, pour se prouver qu’on en est capable, pour battre le record du voisin, pour le plaisir de voyager, pour collectionner les t-shirts ou les médailles, pour connaître ses limites, parce que c’est quand on veut, où on veut, pour l’argent et la gloire (assez rare), pour sa fierté personnelle (plus fréquent), pour s’autoriser un bon verre ou une bonne pâtisserie de temps à autre, pour communier avec la nature, pour soutenir une association caritative, pour se refaire une ligne de mannequin, pour compenser du tabac, pour abolir les frontières, pour fuir sa vie, pour se sentir libre, pour être heureux, pour le plaisir, pour rien…« . Une bien belle liste qui amène forcément à la question personnelle : pourquoi cours-je? La réponse se trouve finalement en partie dans ce site : pour la gastronomie (un bon verre et une bonne pâtisserie tout en gardant la forme), pour les voyages (communion avec la nature, pour le plaisir de voyager, visiter Paris ou Venise différemment, à l’occasion d’une course), pour la convivialité (pour partager un moment avec ses amis) pour rejoindre des thèmes qui me sont chers sur ce site. Et bien sûr et avant tout pour moi : pour mieux me connaître, affronter mes limites et voir de quoi on est capable. Pour affronter ma quarantaine bien tassée sans doute aussi.

Au-delà des raisons qui pousse le coureur à courir, il y a dans ce livre une réflexion sur ce qui pousse le coureur à penser, le coureur comme esprit philosophe : «  je crois en effet que le coureur pense en permanence, dans une sorte de sagesse mobile, portative. Combien de fois me suis-je surpris à plonger moi-même, et en toute modestie, dans des évocations inattendues, des songes personnels ou des argumentaires professionnels?… Ainsi au déplacement physique se greffe un voyage intérieur » . Je suis intimement persuadé de cela et cela m’a fait du bien de voir cette réflexion se matérialiser dans ce livre.

Finalement ce que j’avais préféré dans mon premier livre acheté à Noël 2018 Je cours mon premier marathon, ce n’était pas la partie guide pratique (99% du livre) mais ces petites phrases à travers les pages des pensées de la marathonienne à chaque kilomètre «  km29 : plus que 13 km, ça doit porter bonheur dans ce sens-là, j’en suis sûr »; « km 34 : je crois que je suis en plein dans le mur »; km 36 : je ne sais plus vraiment où je vais… »; « km 39 : la douleur est éphémère mais la victoire est éternelle – mon dieu, je l’espère« . Ces petites phrases me sont revenues régulièrement en tête lors de mes courses et avaient beaucoup plus d’effets que les conseils diététiques en tous genres.

Découverte du marathon de Paris

Le livre est également une superbe occasion de découvrir le parcours du marathon de Paris de l’intérieur et d’arpenter les rues, des Champs-Elysées au bois de Vincennes, de la Tour Eiffel au Bois de Boulogne. J’adore Paris, j’aime y flâner et l’opportunité de la redécouvrir d’une traite en courant en quelques heures est un beau cadeau. J’espère garder un œil émerveillé à l’arrivée vers la Tour Eiffel puis le Bois de Boulogne malgré les 30 kms dans les pattes. Le live permet donc de se familiariser, km après km, avec le parcours et je suis certain de le relire plusieurs fois, ne serait-ce que pour bien avoir le circuit en tête. Pour Paris-Versailles, j’avais regardé une vidéo YouTube en accéléré de la course pour savoir à quoi m’attendre mais l’approche romanesque est plus sympa.

Histoire d’un greffé du cœur qui se lance dans un marathon

Je n’étais pas au courant mais le récit est celui d’un greffé du cœur. Bizarrement je ne sais pas si j’aurais acheté le livre si je l’avais su. Parce que je n’avais pas en tête de lire un livre pathos sur le combat contre la maladie, parce que j’avais besoin de pouvoir me projeter dans le livre, dans la course et donc d’une certaine manière, dans la peau du personnage. Mais au final cela donne un ton au récit, cela m’aura valu quelques larmes mais aussi une terrible désillusion dont je me suis enfin remis : ce n’est pas une histoire vraie et donc pas la vie de l’auteur. Il n’a jamais été greffé. J’étais persuadé du contraire et c’est en allant sur le site Internet de l’auteur que j’ai découvert que c’était une fiction. C’est une bonne nouvelle pour l’auteur mais ça m’a fichu un sacré coup.

Historique de marathon

Cela ne prend que quelques lignes mais se rappeler de l’origine du marathon et notamment de cette distance exacte 42,195km m’a semblé important. C’est ainsi que j’ai appris que ces 42,195km avaient été instaurés lors des JO de Londres en 1908 et correspondait à la distance entre le départ de Windsor et l’arrivée dans Londres. Alors qu’avant de devenir discipline olympique la distance restait imprécise, autour des 42 kms. C’est aussi dans le livre que j’ai appris l’existence de la ligne bleue, cette ligne tracée sur le parcours définissant l’exacte distance et présente sur chaque marathon (je ne l’ai pas vu à Venise pourtant).

L’importance des personnes qui l’accompagnent dans ce challenge

Il est très intéressant de voir le rôle que jouent les différents « accompagnateurs » du héros. Sa femme bien sûr, son frère, son médecin mais aussi, de façon moins évidente, un écrivain, auteur du livre sur les 42 marathons qui semblent le poursuivre tout au long du parcours. Le livre renvoie à l’importance d’être bien entouré, d’avoir de belles pensées le jour J et de se sentir supporté. L’idée de voir ma femme et mes enfants à différents points du parcours comme les « supporters » du héros, me travaille déjà. Le livre permet d’envisager des stratégies pour leur permettre de venir me supporter en différents points de la course. A étudier.

L’inventaire varié de nombreuses œuvres dédiés au marathon ou à la course

Une belle surprise de ce livre est son extrême érudition. Ce n’est pas très étonnant, provenant d’un journaliste de Radio France, auteur de nombreux écrits et animateur d’émissions de radio depuis des années. J’ai ainsi pu faire mon marché d’œuvres diverses pour continuer de me cultiver et de me nourrir sur la psychologie des coureurs de fond. Voici les titres que j’ai picorés dans l’inventaire à la fin du livre des citations : Marathon Man bien sûr que je n’ai pas vu, La solitude du coureur de fond de Alan Sillitoe, Marathon(s) de Bernard Chambaz, Le goût de courir de Antoine de Gaudemar, Chéri(e) je pars faire une course de Gérard Ejnès (un must pour moi, il s’agit en fait d’un dictionnaire absurde du footing), Manuel pour ne pas courir idiot de Renée Greusard, Courir de Jean Echenoz, A quoi pensent les marathoniens de Pierre Mathiote, Le dico du running de Mathieu le Maux, Courir, Ecrire de Daniel du Roulet (forcément), Courir, Mourir de Marco Lodoli (moins forcément), Born to Run de Christopher Mc Dougall, Les athlètes dans leur tête de Paul Fournel, 18450 kms en courant de Jamel Balhi. Petite sélection uniquement faite sur la base des titres les plus évocateurs.

Récit de 42 marathons aux 4 coins du monde

Cette partie est vraiment la cerise sur le gâteau de ce livre décidément très gourmand. En effet j’ai acheté ce livre pour m’imprégner du marathon de Paris mais je ne cache pas que ce qui m’attire dans le marathon, ce sont notamment les voyages et les villes qu’il peut permettre de visiter. Et finalement le récit est monté de telle manière que, chaque kilomètre, un marathon étranger est présenté, sous la forme d’un extrait d’un livre imaginaire écrit sur 42 courses mythiques à travers le monde. Ce fut pour moi l’occasion de faire mon marché. Les marathons rêvés : Niagara Falls, Honolulu, San Francisco, Tromso (sous le cercle polaire), Monaco, Marrakech, Hong Kong, Buenos Aires ou Sydney. Les marathons plus envisageables qui donnent envie : Amsterdam, Rome, Berlin, Florence, Dublin, Madrid, Stockholm. Et les mythiques : New York, Boston, Athènes, Paris et Chicago. Le récit sur le marathon de Venise est proche de ma réalité, à savoir qu’il vaut sans doute plus pour la semaine qu’on y a passée que pour son tracé mais il garde une touche mythique avec ce pont éphémère qui enjambe le Grand Canal pour les derniers hectomètres.

On trouve aussi dans ce livre tous les autres sujets qui nous effleurent en tant que marathonien : musique ou pas musique (et quelle playlist), les coureurs déguisés, les causes et associations auxquelles « associer » notre course, les photos, les ravitaillements, le départ, la foule, la foulée, le mur… Mais tout cela dans la légèreté d’un roman, et non pas comme dans un énième guide pour coureur.

C’est donc un livre que je conseille à tous les coureurs. Il est récent (2015), ne coûte pas cher (7,90€ en poche) et peut procurer beaucoup de plaisir. Mon avis est forcément et fortement biaisé en raison de ma course à venir. Je suis en effet intimement persuadé que ce livre va m’aider dans ma quête d’un deuxième marathon et je m’en vais de ce pas envoyer ce petit article à l’auteur du livre pour le remercier de l’inspiration qu’il a fait naître chez moi.

La corrida de Houilles : entrez dans l’arène

Corrida. Voilà bien un événement auquel je ne pensais pas jamais participer, étant moyennement friand de la tradition ibérique de mise à mort des taureaux et guère plus amusé par les vachettes d’Intervilles. Pourtant j’ai découvert l’année dernière l’existence d’un autre type de corrida, finalement plus proche de l’étymologie même de ce mot espagnol : course. Et donc pas forcément de taureaux. Ainsi, à Houilles dans les Yvelines à quelques kilomètres de chez moi, se tient une des courses à pied en ville les plus anciennes de France : la corrida de Houilles, né en 1972. J’ai donc participé à cette course pour la première fois l’année dernière et, sous le charme (et légèrement forcé par mes compères de marathons), j’ai décidé de rechausser mes baskets cette année.

Cette course est étonnante à plus d’un titre. Tout d’abord parce que son tracé ne ressemble à rien. Pas à rien d’autre, dans le sens unique, mais plutôt d’un aspect tellement commun qu’on pourrait imaginer la même course partout : 3 boucles de 3,3 kms sur le bitume en pleine ville, pas un arbre, pas un parc, rien. C’est aussi (et surtout) une course historique ce qui fait sa popularité mais aussi sa réputation : cette année nous avons couru la 48e édition d’une course pionnière des 10kms en centre-ville. C’est ainsi que la course s’auto-proclame (tampon de l’IAAF à l’appui) un des 5 plus grands 10kms du monde. La course fait en effet partie des quelques dizaines de courses de 10 kms homologuées par l’IAAF, la fédération internationale d’athlétisme. Incroyable quand vous voyez la ville et le parcours mais vrai. Enfin c’est un parcours très très roulant, propice à de très bons chronos. En 2018 le record d’Europe de la distance a été battu en 27’25 par un champion suisse, Julien Wanders. Cette année c’est un Kényan qui a gagné en 27’21 et le record de France féminin est tombé en 31’1. En effet la course des As réunit la crème de la crème des runners avec une tripotée de kényans, éthiopiens, anglais et autres érythréens. Et au milieu de ce beau monde cette année il y avait… moi et de très très nombreux amateurs (3000 partants pour la course populaire).

Courir à Houilles pour moi, c’est courir en voisin. Moins de 5 kms de la maison, ça ne se refuse pas. Je fais rarement des courses officielles chronométrées et je n’ai pas encore de routine en place. Je me suis massé les jambes avec une crème chauffante (à l’aloé vera), j’ai bu une boisson énergisante (à l’aloé vera) et pris une barre à grignoter (sans aloe vera). J’ai mis mes chaussures, longtemps réfléchi à la bonne tenue (manches longues, bas de survêtement en raison du froid : 4 degrés) et je suis parti. Et comme à chaque fois, je me suis dit que j’aurais dû faire différemment : voir mes potes en short me fait douter de mon super bas de survêtement de sortie de lit, leurs manches courtes me font craindre d’avoir chaud, je suis le seul à avoir pris des gants. Comme toujours je privilégie le confort à la performance mais comme toujours je ne suis pas certain de mon choix. Je considère néanmoins que le confort est la condition sine qua non de la performance, ce qui explique mes choix. Nous nous garons (après avoir pas mal tourné, la ville n’étant pas du tout formatée pour recevoir ce type d’événement) et nous voilà une heure avant le départ à la recherche de nos dossards. Et là l’amateurisme prend le dessus : je ne connais pas pas mon numéro de dossard. Pas très pratique quand il faut chercher son dossard par numéro. Et je n’ai pas mon téléphone pour retrouver le mail informatif. Je me dis que décidément je suis une quiche, que j’avais une heure pour préparer mon départ à la maison et que je ne suis même pas foutu de retenir mon numéro de dossard. Pourtant je m’étais concentré pour prendre ma carte d’identité que j’avais oubliée l’année dernière ce qui avait failli m’empêcher de faire la course. Finalement je tombe sur un panneau avec tous les participants et les dossards associés donc pas de mal. Je récupère mon (beau) T-shirt de la course signé du dessinateur Margerin et nous repartons à la voiture poser les affaires et épingler le dossard sur notre maillot. Comme d’hab je n’ai pas d’épingles mais je sais que je peux compter sur mes potes beaucoup mieux organisés que moi. Le T-shirt est top alors je décide de le mettre mais au dessus de mon maillot manches longues. Encore une fois je privilégie le confort de l’instant (ça caille malgré le soleil). On se dirige alors vers le départ et je suis tout excité. J’adore cette ambiance de début de course, je vois l’écran géant, le speaker chauffe le public et un échauffement se met en place devant la zone de départ. Je prends place au départ, je mets mes écouteurs et j’attends impatiemment. Je sautille, je suis tout fou et étonnamment confiant. J’ai couru 10km en 49mn la semaine précédente et c’était mon meilleur temps depuis longtemps sur cette distance. Alors en course j’espère faire bien mieux. Je n’ai qu’un objectif simple : faire mieux que l’année dernière : 48’50, mon meilleur temps ever sur 10 kms. Entre Noël et le jour de l’an, après le foie gras et le saumon, pas forcément évident d’être physiquement à son top. Il fait froid, je cours peu depuis mon marathon (5 ou 6 sorties en 2 mois) et pourtant j’ai la patate et je pense vraiment que je vais tout casser. Ca ne me ressemble pas, je suis toujours peu sûr de moi et j’envisage toujours le pire. Mais courir 10 Kms après avoir fait un marathon, c’est piece of cake, finger in the nose. Ca change complètement en tout cas mon approche de cette course. Pour un marathon il faut faire attention de ne pas partir trop vite et tenir la distance. Là c’est départ à fond et tenir le plus longtemps possible sans calculer.

14h45. Ca y est, c’est parti. Un peu de monde au départ, ça se bouscule, ça se faufile mais rapidement le rythme de croisière est trouvé. Le premier tour est bouclé, le circuit me semble assez fortement descendant sur la 2ème partie. 15’30 pour le premier tiers (d’après le chrono officiel), ça a l’air d’aller. On démarre le 2è tour et c’est le tour que je crains : le premier tour, c’est l’euphorie du départ. Le dernier tour, c’est le dernier et donc on donne tout, c’est fini après. Mais le 2ème, c’est le ventre mou, on a le coup de mou après le premier et on craint d’être mort pour le dernier. Donc on gère, plus ou moins. Ma rapide analyse de ma performance de l’année dernière était l’illustration même de ce coup de mou : départ en 4’30, arrivée en 4’40 et le tronçon 4-6kms au milieu plutôt en 5’05. Bref, au début de cette fameuse 2ème boucle, j’ai compris pourquoi je trouvais que ça descendait dans la 2eme moitié de la boucle : parce que ça monte sur la première. Un bon faux-plat montant, léger mais suffisant pour bien le remarquer lors de la 2ème boucle. Finalement je boucle le 2ème tour pas trop mal en 31’30 de mémoire au chrono officiel. Le vainqueur arrivait juste derrière moi alors qu’il me restait un tour. Donc là c’est le dernier, on donne tout, on lâche les chevaux. Sauf que 3,3km, c’est pas une petite ligne droite à faire en sprint non plus. Je commence à avoir chaud, j’enlève les gants et je regrette toutes mes couches de vêtements. Les regards sur ma montre sont rares, je vérifie juste que je me rapproche du but parce que je suis complètement paumé entre les virages, les panneaux de kilomètres qui mélangent les tours (c’est 2kms de l’arrivée ou 2 kms depuis le départ?) et donc je ne comprends rien. De toute façon, là il n’y a plus trop à réfléchir, c’est à fond et c’est tout. Finalement l’arrivée se présente, je passe la ligne en tendant les bras sur le côté pour la photo. C’est bon, c’est fait. J’arrête ma musique, je marche un peu… et je réalise que je n’ai pas arrêté mon chrono. Pas très important mais résultat je n’ai pas mon temps final (j’ai manqué le chrono à l’arrivée) : 46’34 sur ma montre mais mon temps officiel sera 46’24!!! On rigole pas avec les secondes. 2 minutes et 26 secondes de mieux que l’année dernière. Tout cela sous le soleil. Bref un bien beau dimanche!

Voici les données de ma course : 4’21 (Km1); 4’14 (km2, ça circule mieux et ça descend); 4’21 (km3, toujours l’euphorie); 4’27 (km4, étonnamment rapide, sans doute boosté par la foule et la ligne d’arrivée); 4’47 (km5, je commence à en ch…); 4’41 (km6, le ventre mou); 4’29 (km7, le passage sous la ligne d’arrivée une 2e fois doit me booster); 4’50 (km8, c’est le dernier tour mais c’est encore loin l’arrivée); 4’35 (km9, il ne reste plus rien, on donne tout); 4’38 (km10, impossible d’accélérer, je suis au taquet).

L’avantage de cette course, c’est que 30 minutes après, on était chez moi avec mes potes coureurs pour le verre de l’amitié… et de la récompense : un Spritz (ou plutôt 3) en souvenir de nos soirées pré- et post-marathon à Venise. Le sujet dès l’arrivée de la course était tout trouvé : qui était arrivé premier de notre petit groupe? Pas moi c’est sûr mais mes 2 potes étaient arrivés à leur montre à 3 secondes d’intervalle. Il aura fallu attendre de longues heures (3) avant d’avoir la confirmation des temps. Mais celui qui est arrivé 2eme a gagné l’autre course qui a commencé juste après l’arrivée : la course aux kudos sur Strava. Définitivement je crois qu’en termes de compétiteurs dans l’âme, j’ai largement trouvé mes maîtres.

Que retenir de cette sortie pédestre un 29 décembre par 4 degrés? Que c’est vraiment une expérience à faire et un bon moyen de se donner bonne conscience pendant les fêtes. Que courir un marathon rend toute course plus courte beaucoup plus facile à aborder. Que Houilles est une petite ville moche mais que cela ne l’empêche pas d’avoir une des courses pédestres en ville les plus renommées d’Europe. Que j’ai couru plus vite que je n’aurai pu l’imaginer. Que la voie s’ouvre pour un nouveau marathon, le marathon de Paris en avril 2020.

La bande-son de mes courses

Courir un marathon, c’est se préparer à 4 heures d’effort. 42 kilomètres qui m’ont amené à en courir plus de 1000 pour m’entraîner dont près de 50kms par semaine les 8 dernières semaines. Courir des heures peut être un peu répétitif, monotone et tout est bon pour agrémenter ces heures d’effort. La musique est l’agrément le plus simple et le plus évident. La première année où j’ai repris la course à pied, je n’écoutais pas de musique. Pourtant j’adore la musique mais devoir me trimbaler mon téléphone, avoir à gérer les changements de morceaux, les écouteurs… tout cela me gonflait au plus haut point jusqu’à trouver un système d’écouteurs « autonomes », c’est-à-dire avec MP3 intégrés et donc 4 Gigas de musique embarquée. Mon problème était résolu et donc je me suis empressé d’acheter cet accessoire. J’ai alors passé plusieurs soirées à définir la liste des 250 morceaux qui allaient m’accompagner pendant des heures sur les routes. Je me suis replongé dans mes nombreux CDs et j’ai méticuleusement retenu les chansons une à une. Une playlist de quarantenaire avec une forte prédominance de morceaux et d’interprètes des années 90. Jugez plutôt :

Le rock pour accélérer dans les côtes (je cours sur du plat!) : 59 morceaux

Franz Ferdinand : Auf Achse (énorme l’intro au piano), The dark of the matinee

Oasis : Slide away (morceau peu connu mais de loin mon préféré d’un groupe que j’aime bien sans être fan)

Foo Fighters : This is a call, Exhausted, Learn to fly, III

Bruce Springsteen : Roulette, Growin’up, The River, My love will never tear you down

Ash (un groupe de power pop exceptionnel : Burn baby burn, Envy, Shining light, Girl from Mars, A life less ordinary, Walking barefoot, Goldfinger (ma préférée, une bombe)

Garbage : Supervixen (première chanson d’un énorme premier album), I’m only happy when it rains (peut-être le meilleur morceau pour courir, la pêche absolue), Push it, Vow, You look so fine (une lente pour la route)

Julian Casablancas (chanteur des Strokes en solo) : 11th dimension (ambiance synthé années 80)

The Dandy Warhols (du bon rock new yorkais) : As cool as Kim Deal (pour le titre), Not if you were the last junkie on earth (super rythme, batterie énorme au début)

Ghinzu (la Belgique à l’honneur) : Take it easy, Do you read me (leur premier tube) et Mirror Mirror (chanson et surtout intro extraordinaire, un de mes tops)

The Killers : For reasons unknown, Sam’s Town, Where you were Young (mon morceau préféré du groupe)

Placebo (un must pour la course) : I know (lente mais peut-être ma préférée, issue du premier album), Infra-red, Meds, Bitter end, Teenage angst, Hang on to your IQ, This picture, Every you every me (exceptionnel, BO de Cruel Intentions également), Too many Friends

Hole : Celebrity skin

Nirvana : Lithium (sans doute ma préférée)

Monaco (un groupe mineur qui fait pourtant un pop rock réjouissant qui donne envie de bouger): Blue, Happy Jack

Muse : Panic station, New born (légère sous-représentation d’un groupe que j’aime bien et adapté à la course pour un petit sprint)

Weezer (mon groupe de power rock préféré) : Only in dreams (8mn lentes mai extatiques),

The Pixies : Debaser (un classique, donne envie de se défouler), Monkey goes to Heaven, Where is my mind?

Fountains of Wayne (groupe rock mineur mais excellent et entraînant) : Radiation Vibe, Sink to the Bottom

Shed Seven (la brit pop versant rock) : Mark, Dolphin, Speakeasy (toutes issues d’un superbe premier album dans les années 90, Change Giver)

The Strokes (Le rock des années 2000): Last Nite (parfait pour un dernier sprint)

Two Door Cinema Club : When you know, Undercover Martyn

Les chansons pop rythmées 34 titres

Metronomy : Love letters

Beach Boys : Wouldn’t it be nice (un des rares morceaux des années 60 à entrer dans cette playlist), God only knows (plus lente mais magnifique)- pour beaucoup une des plus jolies chansons jamais écrites

The Stone Roses : I wanna be adored

Woodkid : Run boy run

Blur : coffe and tv, Song 2

The Charlatans : The Only One I know

Sheryl Crow : Soak up in the sun

Puggy (la pop belge à son meilleur) : When you know, Goddess Gladys

Arcade Fire (un grand groupe) : Reflektor (mon morceau préféré, un instrumental et un piano dement au bout de 4mn), Everything’s now

Venus (pop belge) : Beautiful day (le morceau parfait par un temps ensoleillé, guitare énorme au début, sommet du superbe album Vertigone)

Deus (Belgique, toujours) : Instant street, Little arithmetics

Pulp (la pop anglaise stylée) : Babies, Do you remember the first time, Underwear (plus lente mais ma préférée)

Keane (un vrai sens du tube ce groupe) : Atlantic, Is it any Wonder

The Kooks (très bon groupe) : Ooh La, Seaside (excellente mais plus lente)

Manic Street Preachers (groupe gallois culte en Angleterre et inconnu en France) : People Give In (le morceau de l’été 2018 de Oui FM)

Phoenix : Entertainment, One time too many, Litztomania (morceau que j’adore pour enflammer la piste de danse)

Pony pony run run (pop française en anglais efficace) : Hey you

Queen feat. David Bowie : Under pressure (ma préférée de Queen)

The Bravery : An honest mistake (issu de l’excellent premier album The Bravery)

Texas : Summer Son (me donne une grosse pêche)

The Lemonheads : Into your arms, It’s a shame about Ray

We are scientists : with love and squalor

Les belles chansons lentes pour le plaisir 82 titres

Coldplay : Yellow (live pour me rappeler de les avoir vu en concert… au MCM Café devant 100 personnes en 1997), In my place , Viva la Vida

Stereophonics : It means Nothing, Maybe tomorrow

The Divine Comedy (un groupe et un auteur Neil Hannon que j’adore) : Eye of the needle, Absent Friends, When the lights go out, Theme from Casanova, The Certainty of Chance, Generation Sex

The Cardigans : Communication (peu connu mais peut-être la plus belle chanson des Cardigans), Don’t blame your daughter, For what it’s Worth, Erase and Rewind

BO Big little lies (très lent mais me remplong dans la beauté de cette série)

The Jayhawks (le seul groupe folk qui entre dans cette playlist) : I’d run away, Sound of lies, Blue, Bad time)

Nada surf (quand retrouve aussi dans les chansons plus rapides, peut-être mon groupe préféré) : 80 Windows (ma chanson préférée du groupe), Troublemaker, See these bones

Josh Rouse : 1972 (voix de crooner, douceur du rythme, de quoi faire passer le mur du 30è km avec le sourire), Come back light therapy, Love vibration (plus rythmés)

Bang Gang (un autre groupe islandais mélodique à souhait): Inside

Björk : Play dead (l’Islande toujours avec peut-être mon morceau préféré de l’icône du pays)

OP8 : If I think of love (un bijou, chanté par Lisa Germano)

Loney Dear : Airport surroundings (mon morceau préféré de ce groupe assez fascinant)

Cocoon (ce groupe est la douceur incarnée) : Hummingbird, Vultures (la plus connue), On my way et Take off

Gene (groupe anglais peu connu mais génial qui me rappelle mes années étudiantes) : Haunted by you, Get well tonight, Save me I’m yours, Where are they now

Hedwig and the angry inch (peut-être mon film musical préféré) : The origin of love (chanson exceptionnel, paroles sublimes sur le transgenre et superbe passage illustré dans le film), Wig in a box

Get Well Soon (magnifique groupe allemand aux mélodies majestueuses) : Seneca’s silence

Talk talk : Such a shame (la chanson culte d’un des rares groupes des années 80 qui ait été inspirant pour toute une génération d’artistes)

Archive (un de mes groupes préférés, pas idéal a priori pour la course mais bon…): Again (le morceau fleuve par excellence, inspiration Pink Floyd, 15mn de bonheur), You make me feel

Air : Playground love (mon morceau préféré de Air, BO de Virgin Suicides)

Syd Matters (groupe français magnifique et malheureusement peu connu) : Black and White Eyes

The Smashing Pumpkins : Disarm (leur bijou), Tonight Tonight

Fiona Apple : Criminal (entre calme et pêchu, une voix envoûtante)

Belle and Sebastian (la douceur de la pop anglaise dans toute sa splendeur) : Get me away from here I’m dying

Grandaddy : Hewlett’s daughter, He’s simple he’s dumb he’s the pilot (ma préférée, 6mn de bonheur mais un peu lent et épuré pour courir, à écouter plutôt au fond de son lit), The Crystal Lake

K’s Choice : Not an addict

The Tindersticks (le groupe romantique par excellence) : Let’s pretend (magnifique)

Morrissey : Girl drowning lifeguard sleeping (à écouter en courant autour d’u étang!, voir article L’essence de la chanson belle et triste), The more you ignore me the closer I get

Elliott Smith (un de mes compositeurs préférés) : Miss misery, Son of Sam (ma préférée)

Kent : Music Non stop, The King is Dead

Neil Young (un compositeur exceptionnel) : Hey hey my my

Radiohead (un des plus grands grouples du monde) : Paranoid Android (le morceau protéiforme de OK computer)

Pearl Jam : Alive (mon morceau grunge préféré), Black (issues de l’album emblématique du grunge Ten)

REM : Drive (ma chanson préférée de REM)

Sean Lennon Parachute

Suede (la britpop à son apogée) : So Young, Stay Together

Supergrass : Moving (j’adore ce morceau, je le fredonne sans cesse)

Swell : At Lennies, What I Always wanted, Sunshine Everyday, Throw the Wine (toutes issues d’un album que j’aime beaucoup)

The Auteurs (brit pop): How could I be wrong, Valet Parking, Showgirl

Sebastien Schuller : Tears coming home

The Cranberries : Zombie (la chanson de Ma génération étudiante)

The Wombats : Turn (un des rares morceaux récents que j’ai intégré dans cette liste)

PJ Harvey and Thom Yorke : This mess we’re in

Nick Cave : Are you the one what I’ve been waiting for

Travis : Turn

Les chansons françaises rapides 16 titres

La femme : Où va le monde? (très bon morceau d’un groupe assez déboussolant)

Elista : Debout (pop rock efficace)

Calogero : 1987 (rythmique années 80, ambiance années 80, je me sens plus jeune, ça aide pour couvrir vite)

Luke (une copie plus que convenable du Noir Désir des débuts) : Comme un homme (j’adore), La Sentinelle (le nouveau morceau qui reprend là où je l’avais laissé il y a 20 ans)

Silmarils : Cours vite (cette chanson que j’aimais déjà bien s’imposait)

Superbus (le groupe bubblegum que j’ai un peu honte d’aimer) : Apprends-moi (chargé par erreur mais en fait très sympa), Butterfly (de la balle pour courir vite, longtemps ma chanson pour aller bosser), Tchi Cum Bah, Lola

Fauve : Blizzard (pour crier et évacuer son énervement en courant)

Gaetan Roussel : Hope (elle donne la pêche cette chanson, malgré son thème)

Malajube (gros rock ovni canadien) : Jus de canneberges, la monogamie, -40°, Pate filo

Les chansons françaises lentes pour récupérer et écouter les paroles 31 titres

Alex Beaupain : Brooklyn Bridge (sur la BO Les chansons d’amour), Je n’aime que toi

Diabologum (un groupe ovni, du rock parlé, un précurseur de Fauve) : 365 jours ouvrés, De la neige en été, La maman et la Putain (avec des extraits du film de Jean Eustache, dur à écouter mais un ovni)

Florent Marchet (voir mon article La chanson française selon Florent Marchet) : L’idole, Courchevel, Je n’ai pensé qu’à moi

Dominique A : le courage des oiseaux, l’Horizon (un de mes morceaux français préférés, un final étourdissant)

Arnaud Fleurent-Didier : France Culture (pour les paroles)

Autour de Lucie (le groupe pop de Valérie Leulliot méconnu mais que j’adore) : La grande évasion, Je reviens (mon préféré, guitare incroyable), Personne n’est comme toi, Sur tes pas

Benjamin Biolay : La superbe (ma chanson préférée de Biolay, 6mn de pur bonheur), Padam (un peu plus de rythme), Pas sommeil (un instrumental de 3mn à la fin que j’adore)

Bertignac et les visiteurs : ces idées là (petite perle française des années 80, elles sont rares)

Alain Bashung : la nuit je mens (compliqué d’écouter Bashung en courant et pourtant c’est tellement beau)

Julien Doré (j’adore ce mec et ses chansons) : Coco caline (pour un peu de rythme), De mes sombres archives (une chanson que j’ai découverte en concert et que je trouve magique), Porto Vecchio

Mickey 3D (je lui trouve un vrai sens de l’écriture) : La rose blanche, En léger différé, Sebolavy

Miossec : Brest (me donne envie de crier le refrain avec lui)

Jean-Louis Murat : Nu dans la crevasse (chanson de 10mn issue de mon album français préféré : Mustango)

Zeze Mago : On s’attache (un morceau sorti d’une compil des Inrocks)

Sébastien Tellier : La ritournelle (la quintessence de l’instrumental pop)

Zazie : Speed (je n’aurais jamais cri mettre Zazie dans ma playlist mais ce morceau est génial)

Techno et électro pour se bouger les fesses 25 titres

Bob Sinclar : Love Generation, World Hold on (juste parce que je cherchais des morceaux qui bougeaient et Bob Sinclar m’est venu en tête)

Depeche Mode (entre pop et électro, dur à classer) : Never let me down (mon morceau préféré de DM), Walking in my shoes

Pet Shop Boys (comme DM, inclassable) : Always on my mind, West end girls, Suburbia

Daft Punk (juste énorme) : Aerodynamic (peut-être ma préférée), Lose yourself to dance (j’adore le rythme de cette chanson)

Underworld : Born Slippy (le morceau culte de TRinspotting)

SebastiAn : Beograd

LIkke Li : I follow Rivers (sans doute ma chanson dance préférée et j’adore l’original) – ça me fait penser que j’aurais pu / dû mettre Lily Wood and the Prick et le remix de Prayer in C

M83 : Midnight city

Moby : Porcelaine (pour avoir un représentant de ce magnifique album 18 qui m’a accompagné longtemps)

Kanye West : Dark Fantasy

MIA : Paper planes

Calvin Harris : Feel so close (beaucoup écouté cette chanson il y a quelques années pour me donner la pêche)

Faithless : Insomnia, God is a DJ (2 morceaux extraordinaires et qui n’ont étonnamment pas vieilli)

Kavinsky : Night call (la musique de Drive, cool et habitée), Roadgame (de la musique de stade, entendu en finale de coupe de France gagnée par Bordeaux en 2013!)

Synapson (un des rares groupes récents dans ma playlist) : All in You, Going back to my roots

The Avener : Fade out lines

The Chemical Brothers : Hey boy hey girl (donne une grosse patate)

C’est donc l’heure du bilan. Les artistes les plus représentés sont : Placebo (8), Ash (7)The Divine Comedy (6), Garbage (5), The Cardigans (4), Malajube (4), Superbus (4), Gene (4), Swell (4 mais clairement sur-représenté), Bruce Springsteen (4), Cocoon (4), The Jayhawks (4), Benjamin Biolay (3), Autour de Lucie (3), Julien Doré (3),Pet Shop Boys (3), Forent Marchet (3), Diabologum (3), Grandaddy (3), Nada Surf (3), Coldplay (3), Josh Rouse (3), Phoenix (3), Pulp (3), Shed Seven (3), The Pixies (3), The Killers (3)… soit 90 titres sur les 247 qui composent ma playlist.

Pour la petite histoire, j’ai oublié mes écouteurs/MP3 en weekend une semaine avant la course et donc j’ai couru… sans musique. Mais j’aurai bien mon MP3 sur moi pour le marathon de Paris!

La découverte du jour : Les Others

Volume 10

Lors de mes balades sur les vidéos des Mutants, ces entrepreneurs nouvelle génération (voir mes articles « Les Mutants arrivent… « 1 et 2), un mutant a fait mention d’un concept inspirant et intéressant : Les Others. Je n’avais aucune indication sur ce que c’était (une start-up / une initiative / un projet) et le thème concerné. Par curiosité, j’ai donc essayé de trouver quelques informations et j’ai ainsi découvert un nouvel objet inspirant sur lequel j’ai décidé d’écrire ici quelques lignes. Pourquoi? Parce que le concept est inspirant : un media multi-support autour de la micro-aventure, de l’outdoor et du voyage. Parce que ce concept s’est décliné en un magazine Les Others, un secteur qui n’en finit pas de me passionner et sur lequel j’ai déjà beaucoup écrit (voir notamment l’article « Revue de (nouvelle) presse) ». Parce qu’il est question de mes thèmes fétiches : media, sport et voyages. Enfin parce que cela fait écho à ce vieux projet personnel enfoui et qui me semble jour à jour plus actuel : un lieu pluridisciplinaire (gîte, boutique, restaurant) dédié au citron et décliné en agence marketing ou d’événementiel (sur l’art de décliner les thèmes à l’infini) .Comme un écho à tous ces thèmes, les Others en effet était d’abord une passion déclinée en site web, puis un magazine papier mais aussi une agence de pub sur le thème de l’aventure. Ou comment partir d’un thème, d’une passion et de les décliner à l’infini : web, presse papier, photographie, agence de com.

Comme souvent un projet comme celui-ci part d’une personne et d’une passion. Au départ de l’aventure Les Others il y a donc un passionné d’aventure(s) et de voyage(s), ancien de chez Betclic qui décide de faire le grand écart et de vivre d’aventures et d’eau fraîche. Ce passionné a lui-même une figure inspirante, à savoir le fondateur de Patagonia, qui a su allier sa passion de l’escalade et de la montagne à l’aventure entrepreneuriale. Donc voilà comment on quitte un boulot salarié sécurisant pour partir littéralement à l’aventure. Car allier passion et projet entrepreneurial signifie forcément des sacrifices, notamment financier. Il vaut mieux apprécier un mode de vie sobre, proche de l’essentiel et finalement détaché de tout ce que notre vie consumériste nous amène de superflu mais souvent d’agréable. Bref un choix de vie qui permet la naissance de cet objet hybride, profondément ancré dans la nature, l’extérieur (outdoor est plus parlant). Les Others, c’est comme une longue respiration, une ouverture sur le monde par le biais de l’aventure, de la balade dans les Cévennes aux treks les plus extrêmes. Les Others, c’est le beau, le différent, le lointain. C’est aussi un site inspirant, plein d’idées de livres, de films pour prolonger le plaisir; plein de récits, de carnets de voyages qui éveillent; plein d’infos pratiques pour se lancer dans sa propre micro-aventure. Je n’ai pas encore vu le format papier en librairie mais je vais m’empresser de proposer à mon libraire de quartier de distribuer ce semestriel de 300 pages qui trouvera forcément un écho dans notre ville de Maisons-Laffitte. Le numéro 10 vient de sortir et a particularité est que chaque numéro est centré sur un thème particulier rapproché à l’aventure, à la nature et décliné de façon philosophique : data, progression, lignes, distances, l’inattendu font partie des différents thèmes développés… Prenons l’exemple du sujet Data, la donnée qui nous cerne (dans tous les sens du terme) pour voir comment il est traité sous l’angle de l’aventure : les data pour endiguer le dérèglement climatique, les chiffres dans la course à pied (distances, poids du sac à dos pour un trek), la data numérique pour reproduire la nature dans les jeux vidéos ou encore la quantité de fraîche pour un bon hors-piste. Ou comment les nombres façonnent notre rapport à la nature et quel impact ont les nouvelles technologies et le Big Data sur notre rapport à la nature.

Cereal Volume 18

Etonnamment, les Others, né en 2015, a été le premier magazine à traiter de ce thème de l’aventure, sous l’angle de la découverte, du sport et du voyage en France et, 4 ans après, il n’est toujours pas copié. Pourtant les titres dédiés à l’outdoor se multiplient à l’étranger. L’idée de Les Others a ainsi trouvé son inspiration notamment dans un magazine américain Cereal, sur le segment Travel & Style dont le site Internet permet rapidement de capter l’ambition et l’esthétisme (readcereal.com). L’histoire de la naissance du magazine papier est aussi intéressante et très ancré dans son époque : c’est via le site de crowdfunding KissKissBangBang que lle magazine a pu voir le jour. La collecte de fonds a été un grand succès, grâce à la réputation du site web. Le magazine n’est pas une opération économique en tant que telle mais elle atteint le break even. Il faut dire qu’avec 2 parutions par an et 10€ de bénéfices par numéro (6€ de prix de revient pour 16€ de vente, jusqu’au numéro 9, voir ci-dessous), il faut en vendre des palettes. Je ne connais pas le tirage actuel mais je peux imaginer autour de 40 000 exemplaires (dont 10% à l’étranger). Désormais le 10ème numéro vient de paraître et le public est toujours là. Au travers du succès de Les Others entre le livre d’art et le carnet de voyage se confirme cette tendance lourde d’une nouvelle presse, très qualitative (papier, couverture, photos), très épaisse (200 pages minimum), très chère aussi (près de 20€ par numéro), diffusée en librairie, avec des numéros qu’on a envie de garder : XXI, 6 mois, l’Elephant, 180° , Zadig, America pour ne citer qu’eux.. Tout le contraire de la culture zapping et kleenex qui nous encercle.

La transparence sur le prix du numéro et l’écoresponsabilité selon Les Others :

Les Others me fait forcément penser à d’autres initiatives touchant le demaine de l’aventure par le voyage et je vais donc partager 2 initiatives que je trouve très intéressantes et surtout très utiles :

Voyager-aux-etats-unis.com : 2 personnes qui ont aussi décidé de changer de vie pour se consacrer à leur passion : voyager aux Etats-Unis. Ils se proposent donc d’accompagner les voyageurs indépendants en montant des voyages sur-mesure qui sortent totalement des sentiers battus et qui sont à leur image : sobres, nature et différents. Le site Internet est plus un relais à cette activité de « voyagistes ». Nous avons expérimenté cette formule l’été dernier lors de notre voyage dans l’Ouest américain (voir l’article : « Ouest américain : la claque ») et nous sommes tombés sous le charme. Des bons plans, des parcours inconnus du grand public, un guide personnalisé de plus de 200 pages, des infos pratiques (revue de toutes les chaînes de restaurants des Etats-Unis; moyens de paiement préférentiels comme Revolut ou N26; les indispensables à mettre dans la valise…). Tout cela semble assez basique et pourtant c’est une expérience personnalisée assez épatante et que je ne peux que conseiller.

Tourdumondiste.com : il existe de nombreux sites qui s’adressent à une niche : les voyageurs autour du monde. Je me suis surtout attaché à celui-ci que j’ai trouvé d’une richesse incroyable mais aussi servi par une infographie et un design très attirants. J’aurai l’occasion de revenir sur ce site dans quelques jours pour parler de notre fantasme, sans cesse repoussé et que nous vivons plus par procuration : faire un tour du monde en famille.

Pour conclure, une réflexion philosophique me vient à l’esprit. S’arrêter, prendre son temps comme je peux le faire actuellement (étant en recherche d’emploi), est un luxe. Un luxe est forcément agréable mais peut aussi être dangereux. Dangereux car j’ai enfin le temps de m’ouvrir et de profiter de la richesse du monde qui nous entoure et je suis submergé par les idées et initiatives qui m’invitent à toujours plus prendre mon temps. On a tendance à me dire : ne t’arrête pas trop longtemps, la reprise va être dure. Sans atteindre la rupture que peut représenter un retour d’un voyage au tour du monde, je commence néanmoins à prendre la dimension de cette difficulté annoncée. Ce sera mon challenge demain de me libérer le temps nécessaire pour continuer d’être ouvert au monde et à ses initiatives innovantes qui évadent notre esprit et nous font juste du bien.

Les Mutants arrivent … et ils nous veulent du bien (2)

Voici donc le deuxième épisode dédié aux Mutants, ces entrepreneurs essentiellement issus des générations Y ou Z qui réinventent le monde à la tête de start-ups à coup de plateforme, transformation digitale et surtout d’idées. Je continue donc ma saga consistant à étudier les concepts des start-ups et entrepreneurs de ces dernières années comme moyen de mieux comprendre le futur et se projeter dans l’avenir.

Casser les codes, Vibe de ouf, en mode bon délire, canonissime, mon plus gros kif, hyper sympa… les vidéos valent le détour pour les concepts certes mais aussi pour les expressions utilisées. Pas de doute le langage start-up est assez connoté « je suis cool, je m’enflamme pour tout, tout est génial à l’américaine, on est tous potes… ». Je n’ai pas eu l’occasion de faire d’entretiens d’embauche dans des structures de ce type mais j’ai postulé récemment dans la start-up de bricolage qui cartonne Mano Mano créée en 2013 par 2 EDHEC, mon école (250 Millions de CA en 2017) :

Bonjour Grégory, Merci pour ta candidature chez ManoMano ! 🙂
Je m’occupe du recrutement sur le poste de Head of Country Markets. Je vais lire attentivement ton CV, ta présentation et reviens vers toi rapidement.
En attendant, n’hésite pas à te renseigner au maximum sur Glassdoor, Welcome To The Jungle ouNotre Site 😉 .
A très vite !The Talent Team

Bon Johnny est revenu vers moi, il a pas dû avoir une vibe de ouf et résultat, j’ai pas été retenu.

Mais retour sur nos Mutants que je continue d’analyser avec délectation :

Mon app coup de coeur : MPG (Mon Petit Gazon)

Plutôt que de parler d’entreprise ou même de start-up, je parle ici naturellement d’application pour introduire MPG. Ca fait réfléchir. Comme Deezer ou Uber pour les plus gros, nous sommes entrés dans une époque où l’application est souvent la clé d’entrée pour une entreprise, le moyen de faire connaître son idée et donc on a tendance à réduire une société à son app. Pour démarrer, je vous invite à découvrir une petite explication et le pitch de cette société qui surfe sur un concept que j’adore.

Et surtout la vidéo, exellente, du fondateur qui explique le pourquoi du comment du projet :

L’idée est simple et vieille comme le monde. Donc encore une fois, cela a tout de la bonne idée. Ne me demandez pas comment ça vit, les sources de revenus… je n’en ai aucune idée et ce n’est pas ce qui m’intéresse aujourd’hui. Comme Baba au run dont j’ai parlé dans un article, ce qui me parle ici c’est la passion d’un gars, c’est l’immense modestie d’un projet qui a pour seul ambition de se marrer entre potes et de créer du ciment social. Donc l’idée simple et universelle, c’est de parier sur les événements sportifs entre potes ou au boulot, souvent à l’aide d’un tableau Excel maousse costaud et avec un bon petit bar comme récompense. Ici MPG, plus que de simplement permettre de parier sur des équipes, offre la possibilité de manager une équipe de foot, de sa création au championnat. Une version interactive et mobile du Football manager de notre époque. J’ai effectivement entendu parler de cette application il y a quelques semaines via un pote qui y joue avec des collègues de boulot et la vidéo des Mutants m’a convaincu de me lancer dans MPG… avec des potes parce que pour l’instant j’ai plus de s masses de collègues. On peut le comprendre au ton du fondateur quand il parle d’un bon Angers-Nîmes des familles avec Bahoken et Ripart; on est dans une approche ludique et différente du foot, façon So Foot. La proximité avec cette philosophie décalée joue sans doute sur mon intérêt pur ce projet.

Les Mutants qu’on ne présente plus

Forcément certaines start-ups se sont envolés et donc, même s’il est fait essentiellement mention d’entreprises peu connues, certaines ont acquis une renommée nationale importante. Je citerai notamment Yuka, l’application qui a su surfer sur les données Open Food Facts et « noter » l’apport nutritif de tous les éléments qu’on peut acheter. Cet app, fondée par une EDHEC (encore!)) en 2011 a été téléchargée par plus de 4 millions de français qui se lancent à l’assaut de l’international. On peu aussi mentionner Big Mamma, la chaîne de restaurants italiens dont tout le monde parlait en 2018 sur Paris. Il existe plusieurs restaurants sur Paris dont le plus emblématique se trouve à Station F : 4000 m² entièrement dédiés à la gastronomie italienne, dans un concept mêlant gastronomie et convivialité. Tout ça avec une bonne dose de « hype ». Enfin je pourrais aussi citer Too Good To Go, l’application qui rapproche les particuliers et les professionnels de l’alimentaire pour les aider à mieux gérer leurs invendus en les revenant à bas prix. Tout étant basé sur la technologie de la géolocalisation, nouvelle pépite des apps. Station F bien sûr que je ne présenterai pas ici et enfin Le petit Ballon, la box qui permet d’offrir et de recevoir des bouteilles de vin avec les conseils et le service de grands sommeliers.

Les grands gagnants : les start-ups liés au monde de la gastronomie

Pas de doute, la France est bien l’épicentre de la gastronomie mondiale mais aussi l’endroit où se concentre le plus de restaurants, d’épicuriens, de gastronomes. Il n’est donc pas surprenant de compter de nombreuses entreprises dédiées à la gastronomie chez les Mutants. Car la gastronomie est sans doute un domaine assez inépuisable e France et assure donc aux entrepreneurs un marché et un terrain de jeu infinis. Voici donc un aperçu des start-ups mutantes mentionnées dans les 25 que j’ai pu étudier aujourd’hui :

Feed est l’application pour bien manger, complet et équilibré malgré une forte contrainte de temps. Du fast food au smart food répondant aux besoins nutritionnels de chacun. Tiller systems apporte le digital dans les restaurants et leur permet de mieux gérer leur entreprise et mieux servir leur client. Déjà 150 personnes et 4 pays. Petit Ballon assure le présence du vin dans cette série de nouveautés quand Fauve, nouvelle marque de bière, traduit bien la forte tendance des micro-brasseries et de la « gastronomisation » de la bière.

On trouve aussi Street Bangkok, les nouveaux restos thaï à Paris, Paris New York les nouveaux hamburgers à Paris, Pop Chef le service traiteur aux entreprises avec la signature de grands chefs, Meet My Mama traiteur cuisine du monde pour les entreprises qui emploient des femmes réfugiés, issues de l’immigration et qui les « empower », les 3 chouettes qui proposent des pickles écoresponsables pour l’apéritif, Shanty biscuits les gâteaux secs personnalisables (comme les M&Ms en son temps mais avec un peu plus d’écoresponsabilité dans la production) et enfin Skello le logiciel de planning pour la restauration. On trouve aussi dans cette catégorie les anticafés dont j’ai parlé longuement dans mon article : Anticafé, l’autre café du commerce.

3 entreprises additionnelles sont plus à rapprocher de la tendance écoresponsable que de la gastronomie pure mais touchent directement la nourriture: Too Good to Go, Yuka dont j’ai parlé auparavant mais aussi Agricool qui assure production et livraison de fruits et légumes made in Paris.

Les start-up musicales

Derrière le phénomène Deezer, je n’ai pas forcément connaissance de nombreuses success stories dans le monde de la musique. Pourtant 2 entreprises ont basé leur idée et leur développement sur l’écosystème de la musique. La première est Bandsintown, une app qui fait le lien entre goûts musicaux (identifiés via Spotify, Deezer et autres) et sortie en concerts (via la géolocalisation). MWM Music World Media est quantà lui un réel mastodonte dans le monde de la musique. Initialement spécialisé dans le microcosme des DJs, MWM s’est étendu pour devenir le premier éditeur d’apps musicales au monde

Le service aux entreprises

Une règle n’a sans doute pas trop changé depuis le début de ma carrière en entreprise. Pour faire du fric, mieux vaut avoir une clientèle professionnelle, plus fiable, plus riche et plus facilement accessible. Le service aux entreprises selon les nouveaux paradigmes que sont le digital et l’agilité, trouve donc sa traduction dans de nombreuses pépites ces dernières années.

Une première tendance est la plateforme de mise en relation (le nouveau Grâal). Ainsi The Galion project est un réseau de partage entre pairs pour se stimuler et grandir – 220 entrepreneurs en réseau dans le monde de la tech et en hyper croissance. Ignition program met à disposition des esprits bien faits pour les start-ups quand Brigad met en relation l’offre et la demande en matière de personnel dans l’hôtellerie et la restauration. L’agence de com Marcel se distingue par son positionnement « faire des choses qui changent les choses ». Doctrine.fr est un moteur de recherche juridique pour les professionnels du droit. Shine se présente comme le copilote des indépendants en accompagnant les freelances et en automatisant et simplifiant leurs tâches administratives. Ticket for change est un programme d’accompagnement des entrepreneurs au changement tandis que Discoverizz est une plateforme de mise en relation physique d’entrepreneurs sur une région donnée. Le financement est également bien loti avec Arkéa, un service de banque/assurance pour aider particuliers et professionnels à réaliser leur projet; Kushim, la start-up qui simplifie la vie des VC (fonds de capital risque), Kard App, la banque nouvelle génération ou encore Payfit, aide à la gestion de la paie pour les entreprises. Dans un genre moins glamour mais tout aussi porteur, Trone est la société qui révolutionne les toilettes. Pour avoir un exemple, le Big Mamma de Station F est un client ce qui démontre aussi l’importance de l’écosystème des start-uppers. Dernier exemple de secteur qu’il me semble évident d’adresser dans notre monde de Big Data : les sondages. en effet les mastodontes Ipsos ou Sofrès semblent anachroniques même si je peux imaginer qu’ils n’ont de cesse de se renouveler et d’imaginer le sondage de demain. C’est ce qu’a fait Happydemics, la révolution dans le monde du sondage, simple et agile et a la portée de toutes les entreprises.

L’éducation, chantier majeur du monde de demain

Dans le film Demain, un chapitre est entièrement consacré aux nouvelles formes d’éducation. Dans mon billet précédent sur les Mutants, j’avais fait mention d’une start-ups liée à cet environnement éducatif : Klassroom pour optimiser les relations parents – professeurs. Dans cette nouvelle série de start-ups, 2 traitent d’éducation (contre 12 sur l’alimentation et la gastronomie) : Open classrooms, la 1ère plateforme européenne d’éduction en ligne et le Wagon, école de développement web,

La mobilité, enjeu urbain et écologique

BlaBlaCar ou Uber sont connus de tous et Lime fait son petit bonhomme de chemin. Dans cette nouvelle série de vidéos, j’ai découvert Heetch, le service de mise en relation entre conducteurs et passagers à la mode BlaBlaCar et Cityscoot sur la mobilité avec un service de locations de scooters électriques en libre-service.

La campagne à la ville

Plus que jamais, la ville est un lieu à se réapproprier, ensemble. Si la start-up Agricool permet de faire pousser des fraises à Paris, Merci Raymond offre un service de jardiniers urbains au service de la revégétalisation des villes tout à fait dans la tendance des jardins partagés et de la permaculture.

Le service aux particuliers

Même si c’est souvent plus compliqué, le digital et la tendance verte ouvrent des voies immenses et inexplorées aux créateurs en herbe dans le BtoC. Ainsi Alan, assurance santé 100% digitale a vu le jour, Pumpkin facilite le remboursement entre amis ; Fizzer permet de créer des cartes postales personnalisées avec ses propres photos; Balinea a pris la place de leader de la réservation beauté/bien-être en France tandis que Captain train a réconcilié plus d’un million de français (dont je ne faisais pas partie) avec la réservation de billets en ligne et a été racheté par le britannique Trainline pour 200 millions d’euros. Pampa permet d’assurer la livraison de bouquets de fleurs « sauvages » et Singulart est une app qui promeut les artistes et les connectent avec des consommateurs lambda, loin de tout snobisme de galeries.

Les personnes qui inspirent les Mutants

Voici donc une nouvelle série de personnalités inspirantes selon ces entrepreneurs : Christine Taubira, Fabrice Luchini, Michel et Augustin , Marie Ekeland qui réinvente l’accompagnement et le financement des start-ups, Simone Veil, Maxime de Rostolan, fondateur du réseau social Fermes d’avenir et auteur du livre univoque 20 ans pour changer le monde ou encore Thomas Pesquet.

J’avance donc petit à petit sur ce parcours tracé par les Mutants et cela est très inspirant même si j’en suis à regretter qu’il n’y ait pas une place plus grande offerte aux entreprises « traditionnelles » qui font aussi montre de nombreuses initiatives originales et disruptives (bullshit!). Dans le monde d’hier, je n’ai donc pu croiser dans ces Mutants que Emmanuel Faber, le CEO de Danone. Il me reste donc les 40 premières vidéo mutantes à étudier pour continuer de dresser un panorama des tendances entrepreneuriales en France.

Le management par le sport

Qu’est-ce qu’un bon manager? C’est une question essentielle mais aussi presque métaphysique. C’est celui qui inspire, le visionnaire qui sait engager ses équipes vers un objectif ambitieux et commun. Mais c’est aussi une personne aux valeurs humaines fortes, aux soft skills développées. Bref un bon manager, ça ne court pas les rues et, trop souvent on entend des employés fustiger leur boss pour quelque raison que ce soit. Avoir un bon manager, être en phase avec lui sur le plan professionnel mais aussi et surtout humain est un élément important, voire même primordial pour certains dont je fais partie. C’est sans doute d’autant plus important qu’on a un peu de bouteille, qu’on a vu, apprécié ou subi de nombreux styles de management et qu’on arrive à un âge (40 pour ne pas le chiffrer) où l’on ne sait pas toujours ce qu’on veut mais on sait ce qu’on ne veut plus. Un certain style de management en fait partie. Cette longue introduction étant faite, que penser du management sportif, du manager qui s’inspire des valeurs du sport pour diriger son équipe?

Le sport est plein de vertus et il n’est pas étonnant qu’il vienne inspirer le monde du management. En quoi est-ce pertinent? J’identifie immédiatement plusieurs sujets : l’objectif, la performance, le mental, la motivation, le collectif, la récompense. Le sport a l’immense avantage d’offrir à la plupart un terrain d’analyse familier et quasi onirique. Le sport, les grands champions font rêver et il est toujours passionnant et gratifiant de se sentir, quelques instants, dans le secret des dieux du stade pour mieux comprendre l’envers du décor. En l’occurrence le management, le leadership mis en place pour atteindre les sommets. C’est ainsi que le management et le sport sont souvent associés et que de grandes figures sportives se meuvent en consultants en entreprises de talent. Parmi les intervenants que se sont arrachés les grands groupes, on compte notamment Aimé Jacquet, Camille Lacourt et son préparateur physique pour illustrer l’esprit d’équipe et le binôme parfait, Claude Onesta qui a tout gagné ou encre le quasi mystique Daniel Herrero dans le rugby. Après un événement aussi fort que la victoire en coupe du monde en 98, entendre Aimé Jacquet parler motivation et discours d’avant-match (« muscle ton jeu, Robert »), revenir sur ses choix (expliquer à Canto qu’il ne le prend pas dans l’équipe, privilégiant le collectif à la qualité individuelle; prendre Christophe Dugarry envers et contre tous), c’est forcément inspirant et, a minima éclairant. Dans mon entreprise j’ai eu a chance d’avoir 2 intervenants qui avaient un lien étroit avec le sport. Tout d’abord Philippe Croizon, l’handicapé sectionné des 4 membres qui s’est mué en un sportif et un aventurier hors du commun (relier les 5 continents à la nage, Paris-Dakar : voir mon article : Le handicap, source d’inspiration) mais aussi Marc Lièvremont, joueur puis sélectionneur de l’équipe de France de rugby. Comme souvent revient la question : intervenants en entreprise, utile ou futile? Même si aucun ROI ne saura jamais être tiré de ces rencontres, la réponse est pour moi évidente : utile. Parce que le sport et ces leaders nés sont inspirants et qu’un manager doit aussi savoir s’inspirer des autres.

J’ai longuement développé l’importance de l’objectif et de sa fixation dans mon article « Objectif 4h et variance 0 ». L’objectif est une donnée clé dans la tête du sportif, il est la source première de la motivation et un levier évident de performance. Ainsi, ces dernières années, j’ai eu un manager coureur de Marathon (2 par an depuis 5 ans) et passionné de sport. Il s’est par exemple battu pour maintenir la location d’une loge au Stade de France pour inviter des clients parce qu’il croit simplement et fondamentalement à la valeur sport et sa faculté à casser les barrières, créer des ponts et inspirer les personnes au-delà de voir un joli match de foot ou de rugby et de faire plaisir à des clients capricieux. Ce même manager nous a toujours dit que le premier trimestre était clé et qu’il définissait le rythme et la tendance de l’année. Comme dans un marathon, si on est dans le dur ou simplement pas dans les temps sur les premiers 10 kms, il y a peu de chances d’atteindre son objectif à l’arrivée. C’est aussi l’image sportive qui l’a vu lancer un programme d’incentive sur la 2ème partie de l’année appelé Remontada, quelques mois seulement après la victoire de Barcelone contre Paris 6-1 qui a donné ses lettres de noblesse à ce terme. L’objectif est donc un sujet à la fois sportif et managérial. Performance, atteinte de l’objectif, ce qu’on vit au quotidien dans une entreprise n’est rien qu’autre qu’une course chaque jour, chaque mois, chaque année renouvelée vers l’atteinte d’un objectif.

Le mental est quant à lui la notion la plus évidente qu’on associe aux grands champions avec une valeur forte derrière : le dépassement de soi. Cette valeur est moins évidente en entreprise mais elle peut trouver sa traduction dans le dépassement de fonction : faire plus que ce qu’on me demande pour le bien du groupe. Et le dépassement de ses objectifs en (se) donnant toujours plus. Le risque en entreprise pour le dépassement de soi est sans doute le burnout au même titre que dans le sport ce sera le claquage, la blessure liée à un excès d’engagement, de préparation. Un exemple me vient à l’esprit, concernant mon sportif de référence, pourtant pas forcément le premier sportif qui vient à l’esprit en parlant de dépassement de soi : Christophe Dugarry. Lors de la coupe du monde 1998, il tente d’aller reprendre une balle, jambe tendue contre l’Arabie Saoudite, 2e match de poules. Il se blesse, se fait une déchirure et explique après coup : dans un autre environnement qu’une coupe du monde, dans un état d’esprit plus serein, moins dans la nécessité de montrer au monde entier que sa titularisation n’est pas usurpée, il n’aurait jamais tenté ce geste, il va chercher une balle qu’il sait qu’il ne peut pas avoir. Il se blesse, le dépassement de soi a été trop loin. Pendant 15 jours, c’est à nouveau l’objectif et le mental qui sont les clés de son nouveau quotidien : se soigner, s’entraîner et revenir pour être présent pour la finale. Objectif atteint : il entrera à la 65è minute et jouera donc la finale de la coupe du monde contre le Brésil, gagnée 3-0. Si le mental est le moteur du sportif, il est donc nécessairement le sujet principal de l’entraîneur : comment optimiser le mental de mon équipe? D’où la profusion de préparateurs mentaux dans les clubs de foot, notamment en France qui peut être perçue comme la reconnaissance d’une lacune de la part de l’entraîneur. La motivation est forcément intimement lié au mental. Il s’agit de savoir engager les équipes, les emmener au plus haut en leur donnant les clés mais surtout en les convainquant qu’ils peuvent le faire.

Le collectif est sans doute le parallèle le plus évident avec le sport. S’il est évident pour un sport collectif, il est aussi très facilement mis en avant dans des sports plus individuels comme par Camille Lacourt qui associe son entraîneur à ses conférences. Le team-building en entreprise a toujours existé et, même si on peut lui préférer les mises en situation directes, faire intervenir Arsène Wenger pour parler de synergie et de cohérence d’équipe, cela a beaucoup de sens.

Enfin après l’effort le réconfort, après la performance la récompense. Monter sur un podium, entendre la Marseillaise, recevoir une coupe, une médaille, les félicitations du président de la République ou la légion d’honneur, ce sont des récompenses inoubliables, pas aussi fortes que l’exploit, la performance ou même la préparation à la performance mais elles marquent l’aboutissement, la fin d’une aventure d’une belle manière. On reproche souvent aux managers de ne pas savoir féliciter et récompenser les équipes. de ne pas prendre le temps de célébrer les succès. Cela leur paraît souvent futile, ils sont souvent déjà sur le coup d’après, lancé dans une véritable course à l’échalote. Comme aimait le dire nos top managers, comme toujours, le mois mois est le mois le plus important de l’année ». Il faut savoir s’arrêter, remercier et récompenser. Cela permet d’entrer dans un cercle vertueux en engendrant mental d’acier et motivation pour atteindre les objectifs suivants.

J’ajouterai enfin la notion de respect des règles, d’éthique si importante aussi bien en entreprise que dans le sport. Tricher dans le sport et vous êtes disqualifié, voire banni à vie. Ne pas agir de façon éthique en entreprise et c’est toute la société qui peut être submergée. Le respect des règles, de l’autre, du public sont autant de valeurs cruciales dans le sport qu’on aime retrouver dans l’entreprise : éthique des affaires, respect des concurrents et des clients.

Pour conclure ces réflexions entre sport et management, j’ajouterai le rôle désromais prépondérant que joue les datas. KPIs et Salesforce pour l’entreprise de toute taille, montre connectée et Strava pour l’athlète de tous niveaux, nous sommes entrés dans le monde de la data et il nous semble désormais compliqué, si ce n’est irresponsable, de manager / d’entraîner la performance sans données robustes, fiables, régulières. Les entraîneurs sont abreuvés de données et d’indices en tous genres sur le nombre de kilomètres parcourus par les joueurs de foot, le nombre de tacle, de sprints… ce qui leur donne plus d’éléments d’analyse et donc d’amélioration potentielle. Les notions de VMA, VMax et autres acronymes barbares sont les nouveaux alliés de l’athlète. La performance passe par la data, sa connaissance mais aussi sa faculté à la comprendre et l’analyser. De la même manière, l’entreprise croule sous les KPIs, les indicateurs de tout sur tout mais, s’ils sont définitivement trop nombreux, on doit admettre que des indicateurs de performance bien définis sont des vecteurs de succès importants pour le management en entreprise. Si les ponts sont définitivement évidents entre sport et management, je n’ai pas encore entendu parler de la fusion entre Salesforce et Strava.